Une baigneuse empêchée de profiter de la plage de l’Anse des Rochers à Saint-François par une propriétaire d’une villa de la résidence en amont de la plage. Il n’en a pas fallu plus pour qu’une véritable vague de protestation populaire, comme un tsunami, déferle à propos du libre accès au littoral de Guadeloupe, de Martinique et même de l’île de la Réunion. Cette propriétaire se croyant sans doute sous d’autres cieux et certainement en d’autres temps, allait jusqu’à proférer des insultes et un «on est chez nous ici»! Des propos d’exclusion, voire d’appartheid, intolérables et insupportables aux oreilles de tous les Guadeloupéens.
Sitôt, cette nouvelle diffusée sur tous les médias les protestations fleurirent afin d’exiger l’application de la loi littorale.
Il faut ici revenir à la loi. Petit rappel tiré du site gouvenemental. «Les servitudes de catégorie EL9 concernent les servitudes de passage sur le littoral destiné à assurer le passage des piétons le long du littoral et de leur assurer un libre accès au littoral. Outre un droit de passage au profit des piétons, elle interdit aux propriétaires des terrains grevés et à leurs ayants-droit d’apporter à l’état des lieux des modifications de nature à faire, même provisoirement, obstacle au libre passage des piétons, sauf autorisation préalable accordée par le préfet, pour une durée de six mois au maximum.
La servitude instaure en outre un droit de passage pour l’administration compétente afin d’établir la signalisation nécessaire en vue de préciser l’emplacement de la servitude de passage et effectuer les travaux nécessaires pour assurer le libre passage et la sécurité des piétons, sous réserve d’un préavis de quinze jours sauf cas d’urgence. La servitude comprend :1. Une servitude de passage longitudinale au rivage de la mer qui grève sur une bande de trois mètres de largeur les propriétés privées riveraines du domaine public maritime.2.
Une servitude de passage transversale au rivage de la mer qui peut être instituée sur les voies et chemins privés d’usage collectif existants, à l’exception de ceux réservés à un usage professionnel, afin de relier la voirie publique au rivage de la mer ou aux sentiers d’accès immédiat à celui-ci, en l’absence de voie publique située à moins de cinq cent mètres et permettant l’accès au rivage.Cette ressource décrit les générateurs linéaires des servitudes de la catégorie EL9, à savoir les sentiers piétonniers ou la limite du domaine public maritime».
Voilà qui est en bon français, net et précis. Nul ne peut entraver le passage des piétons et encore moins les empêcher de se baigner sur la plage. Ce fait divers a aussitôt déclenché l’ire de la population. Et surtout contraint les élus, jusqu’ici trop passifs, à passer à l’action. C’est ainsi que le maire de Sainte-Anne déclenchait une enquête afin de délivrer une injonction aux contrevenants sur le littoral de la commune. De même, la présidente du Conseil Départemental était conduite à revenir sur la fermeture de l’accès à la crique du Bas du Fort jouxtant la résidence départementale. Avec la plus grande détermination, mais aussi dans le partage, des «Kannari-Kontré» se multiplient les week-end sur tous les sites qui posent problème afin de dénoncer ces pratiques qui consistent à privatiser nos plages.
Le monde est déjà si difficile. Inutile d’en rajouter. Ce mouvement populaire devra réveiller ceux qui sont chargés de faire respecter la Règle. Car ces protestations sont nées non seulement de la volonté de préserver les plages et le littoral Guadeloupéen mais surtout du sentiment d’injustice, du deux poids deux mesures. Que dire en effet de la célérité des autorités à démolir les habitations des indigènes que nous sommes, construites sur le littoral sans autorisation. Idem lorsqu’il s’agit de sortir les agriculteurs occupants les terres illégalement. Dura lex, sed lex. En latin, mais aussi en créole, la loi est dure, mais elle est la même pour tous.
La balle est donc dans le camp des maires, du préfet, des procureurs, du Conservatoire du Littoral voire de l’ONF afin de prendre toutes les mesures nécessaires pour rendre le littoral aux Guadeloupéens et aussi à nos chers touristes. D’où qu’ils viennent et de toutes les couleurs. Décidemment, sé on bon dézòd ki ka mèt on lòd !
Rodes Jean-Claude.