Comment a évolué la situation en Guadeloupe depuis le 6 juin ? Faut-il redouter une 4ème vague ?
Le ciel s’était nettement éclairci au début du mois de juin (S22). Le nombre de cas de COVID (170) avait diminué de 27% par rapport à la S21, le taux d’incidence était passé en dessous du seuil d’alerte, le taux de positivité des tests était tombé à 4,3%, et le facteur R à 0,61. Les hospitalisations restaient toutefois importantes et 4 décès avaient été déplorés.
Si la tendance favorable observée en S22 s’est poursuivie au cours de la quinzaine suivante, en S25, entre le 21 et le 27 juin, période de l’entre deux tours des élections départementales et régionales, les taux d’incidence et de positivité des tests sont repartis à la hausse et – ce qui est sans doute le plus inquiétant– le facteur R qui indique combien de personnes contamine une personne infectée, a fait un bond de 50% et dépassé 1. Après ce coup de vent mauvais, la situation au 4 juillet est à peu près la même qu’au 20 juin. Ce qui ne signifie pas qu’elle est stabilisée, tant s’en faut avec la tendance au relâchement en période de vacances et de déplacements.
Quelles ont été les données chiffrées des S 23, 24, 25 et 26 ? Nombre de nouveaux cas dépistés en Guadeloupe : 130 en S23, 112 en S24, 134 en S25 et 112 en S26. Nombre de décès : 4 en S23, 1en S24, 0 en S25 et 3 en S26. Nombre de clusters : 5 en S23, 3 en S24, 5 en S25 et 0 en S26. Taux de positivité des tests : 3,6% en S23, 2,7% en S24, 3,5% en S25 et 2,9% en S26. Facteur R : 0,60 en S 23, 0,69 en S24, 1,06 en S25 et 0,89 en S26.
Les hospitalisations de patients COVID demeurent importantes sur toute la période, attestant de la gravité de nombreux cas. Au total, 103 malades COVID se trouvaient hospitalisés au 13 juin et 99 au 4 juillet en réanimation, soins intensifs, médecine ou services de suite. Le nombre de patients traités en réanimation est, en comparaison de la situation nationale (actuellement moins de 1000 cas) préoccupante même si elle est passée de 23 en S 23 à 15 en S26. Rappelons nous qu’il n’y avait que 2 malades en réanimation au 24 janvier et 5 au 31 et que c’est à partir du moment où le variant anglais, dépisté pour la 1ère fois en février est devenu prépondérant que la proportion des malades admis en réanimation s’est accrue.
La circulation de divers variants, et notamment du variant delta (ex indien) qui a déjà touché 7 personnes, en plus du variant alpha (ex anglais) qui reste majoritaire, appelle à la prudence. La dégradation très rapide de la situation sanitaire en Martinique interpelle et rappelle durement que rien n’est jamais acquis…le moindre relâchement se paye au prix fort. Le préfet de Guadeloupe envisage déjà, pour protéger la population de notre territoire, de subordonner à des motifs impérieux les déplacements entre la Guadeloupe et la Martinique des personnes non vaccinées. Le rétablissement d’un couvre-feu ne peut être exclu. Tout ça parce que la couverture vaccinale reste insuffisante…En Guadeloupe, le taux des personnes ayant reçu au moins une dose de vaccins est au 7 juillet de 23,26%. A titre de comparaison, il est de 62,57% à Saint-Barthélemy…no comment.
En absence d’immunité collective du fait de la sous-vaccination dans un département où on n’a jamais manqué de vaccins ni de moyens humains et matériels pour procéder aux injections sur l’ensemble des territoires de l’archipel mais où une partie de la population, pourtant fragilisée par des co-morbidités refuse encore la vaccination, une nouvelle vague est plausible. Septembre 2021 ressemblera-t-il à septembre 2020 ? Ce serait un désastre humain et économique. Le « quoiqu’il en coûte » se justifiait tant qu’il n’existait pas de possibilités de freiner l’épidémie. On n’en est plus là.
Aucune liberté fondamentale n’est absolue. « Ma liberté s’arrête là où commence celle des autres ». La liberté des uns de ne pas se faire vacciner se heurte à la liberté de reprendre une vie personnelle, familiale, sociale et économique à peu près normale de ceux qui se sont fait vacciner. Une vie où s’exercent liberté d’aller et venir, la liberté de réunion, la liberté du commerce et de l’industrie…
Contrairement à une idée fausse mais largement répandue, le principe d’égalité, à la fois relatif et contingent, s’il conduit à traiter de façon identique des personnes placées dans des situations identiques, ne s’oppose pas à ce que des personnes placées dans des situations différentes soient traitées différemment par le législateur ou le pouvoir réglementaire dans un but d’intérêt général…
Même si le législateur et le gouvernement, chacun dans ses compétences, se décidaient rapidement, ce qui n’est pas encore certain, à adopter des mesures allant dans ce sens, on ne pourrait en attendre des bénéfices immédiats. La rentrée risque d’être dure.
D.DEVILLERS