Le député Hajjar dénonce “un véritable scandale d’État” dans la prise en charge du cancer.
Dans un discours cinglant à l’Assemblée nationale, Johnny Hajjar, député de la Martinique, a dénoncé avec force les carences criantes dans la prise en charge des cancers dans les outre-mer, qualifiant la situation de “véritable scandale d’État” après celui du chlordécone. Évoquant une “catastrophe sanitaire” qui empire “de façon explosive”, l’élu a dressé un réquisitoire implacable contre le déni de l’égalité républicaine dans l’accès aux soins pour les patients atteints de cette maladie.
Philippe Pied
Un système de soins à bout de souffle
“Files d’attente interminables qui augmentent de manière exponentielle, patients et familles livrés à eux-mêmes, délais de prise en charge 7 fois supérieurs à l’Hexagone entre le diagnostic et le début du traitement” : la litanie des manquements énumérés par M. Hajjar témoigne d’un système de soins intégralement à réformer. Outre l’absence criante de “parcours de soins” structurés, le député a également dénoncé la “gouvernance chaotique”, les “effectifs chroniquement sous-dotés” et la “grande fragilité” de l’équipe médicale locale, contrainte d’exercer dans des “locaux extrêmement vétustes et sous-dimensionnés”.
Un déni de l’égalité républicaine
Face à cette situation alarmante, le parlementaire n’a pas mâché ses mots : “Les pertes de chance sont colossales, le parcours est jalonné par la mort en Martinique”. Las d’attendre des mesures à la hauteur de “l’urgence et l’ampleur de ce drame”, il a fustigé “la timide prise de conscience de l’État” et son immobilisme : “Aucune solution opérationnelle même d’urgence n’est effective” pendant que “les patients meurent chaque jour dans le silence assourdissant”.
Cette négligence de l’État se traduit selon lui par “une grave rupture d’égalité” avec l’Hexagone en matière d’accès aux soins contre le cancer, fil rouge de son réquisitoire : “Alors que l’offre de soins solidaire est largement déployée dans l’Hexagone, elle est inexistante en Martinique et probablement dans les outre-mer”.
“Les contraintes conjoncturelles ne peuvent justifier un tel décalage”, a-t-il martelé, appelant le gouvernement à enfin se saisir de ce “scandale sanitaire” et de ce “drame humain” qui “se poursuit” au quotidien pour les malades et leurs proches “terrorisés par ces graves défaillances”.
M. Hajjar a conclu sur une interpellation directe au ministre : “Que comptez-vous faire dans l’urgence et sur le fond pour pallier cette situation ?”. Une injonction à agir pour mettre un terme à ces “graves défaillances” qu’il dénonce comme “un véritable scandale d’État” après celui du chlordécone.
D.J