Philibert Yrius, né en 1950 à Pointe-Noire dans une famille d’agriculteurs, n’a jamais quitté la section de Petite Plaine où il réside encore et où il a installé son atelier sur un rocher dominant la mer. Il a quitté l’école à 13 ans, et depuis l’enfance, mu par une sorte de nécessité intérieure et vitale, il peint sans relâche.
La galerie T and T, exploité par Thierry Alet et située à Basse-Terre rue Paul LACAVE, expose actuellement une partie des toiles de ce peintre autodidacte inspiré qui se qualifie lui-même de peintre « atmosphérique ».
L’exposition organisée par la commissaire Elisabeth Gustave, permet, au-delà de la découverte de la beauté des œuvres, de comprendre le langage pictural de ce peintre car c’est bien d’un langage qu’il s’agit. Philibert Yrius ne peint pas pour le plaisir de faire des œuvres décoratives. Il traite de sujets graves qui touchent à la philosophie, à la morale et à l’histoire de la Caraïbe. L’Homme, la 4ème création de Dieu, est selon le peintre, condamné à vivre en société. La place de l’Homme dans l’univers est donc naturellement son sujet de prédilection. Il constate que l’harmonie primitive du monde est gravement compromise par les difficultés relationnelles liées notamment aux enjeux de pouvoir. C’est de ces constats que naissent ses créations.
Philibert Yrius a son style propre, il n’a jamais cédé aux tendances ou aux caprices des modes. C’est un humaniste flamboyant qui peint avec ses tripes et avec son cœur. Lui-même est limpide, chaleureux et sincère. Il donne le sentiment qu’il remplit une mission. Ses œuvres sont empreintes d’une grande spiritualité. Il est intuitivement marqué par la philosophie transcendantale.
S’il faut lui trouver dans l’histoire de la peinture un lointain prédécesseur, c’est à coup sûr Jérôme Bosch, né 500 ans avant lui. Les allégories fantastiques sont leurs marques. Leurs toiles fourmillent d’une multitude d’êtres humains et animaux hybrides. L’enfer et le paradis y sont entremêlés.
Et s’il faut chercher dans la littérature des familiarités avec sa création, on pense à Ralph Emerson, écrivain américain du 19ème siècle. Philibert Yrius pourrait en effet écrire à sa façon et avec ses pinceaux « Rien de grand ne se fait sans enthousiasme », « Accroche ton chariot à une étoile » ou encore « L’idéal de la vie n’est pas l’espoir de devenir parfait, c’est la volonté d’être toujours meilleur ».
Philibert Yrius est intarissable sur les personnages de ses œuvres et c’est un bonheur de l’entendre. Mais il ne faut pas que ses œuvres soient un jour, même encore lointain, privées de cette parole. Seul un livre pourra être le gardien de cette précieuse mémoire. A bon entendeur, salut !
La galerie T and T est ouverte de 13 à 19 heures du mercredi au samedi jusqu’au 29 octobre. Il ne vous reste plus qu’à vous y précipiter.
Danièle DEVILLERS
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