Nous sommes en pleine période de Grandes Vacances. C’est le temps où le divertissement, les loisirs — les Américains diraient “l’Entertainment” — constituent les premières préoccupations du moment surtout pour les jeunes. Ajoutés à cela le TGVT, le Tour cycliste de la Guadeloupe — la manifestation sportive n°1 chez nous — et bientôt les JO et l’on se rend bien compte que tout tourne autour de manifestations populaires de masse. Pour autant, cela doit-il nous faire oublier notre responsabilité collective quant à l’éducation citoyenne et l’édification de notre pays ?
Deux articles parus dans notre dernière livraison, renvoient à ces préoccupations. Et plus précisément à l’irresponsabilité et au laxisme, de ces nombreux organisateurs de spectacles. Et plus gravement encore à notre responsabilité dans la dérive morale de notre société. Il y a cette fascination pour la violence qui tourne en boucle à la télé et finit par se répandre dans nos rues — comme cela a encore été le cas à la Cité Henri IV à Pointe-à-Pitre où 25 personnes, dont des enfants, ont été blessées lors d’une fusillade — jusqu’à en devenir banale. Cette violence, symbolisée par ces Bad boys tatoués, héroïsés, contamine, imprègne, façonne et empoisonne les esprits.
Le premier article de notre collaboratrice AKD, visiblement révoltée, titré “Entre insultes et agressions, le show de Young Thug a dégénéré” fustige avec raison, le comportement ô combien, indécent d’un rappeur américain, dont le nom d’artiste Young Thug” (A traduire en français par “Jeune voyou”) devrait à lui seul être un épouvantail. Et pourtant, ne voilà-t-il pas, qu’en toute irresponsabilité, il se trouve chez nous des producteurs, des associations qui souvent avec de l’argent public, mettent en tête d’affiche, ces artistes, dont le seul talent est de magnifier la vulgarité et la violence. L’appât du gain au low coast moral, ne peut tout justifier.
Pour ceux qui n’auraient pas eu le bonheur de lire l’article de notre consœur, un flash-back s’avère nécessaire pour situer l’évènement. “C’est le bad buzz du moment en Guadeloupe : invité à la Karibbean Summer Dream, un festival de deux jours spécial vacances qui a eu lieu à Beauport le Pays de la Canne à Port-Louis, le rappeur américain “Young Thug” (nom d’artiste à traduire en français par “Jeune voyou”) qui aurait été victime d’une agression suivie d’une tentative de vol, après son “concert”, a lancé sur Twitter que la Guadeloupe ne méritait pas qu’il y remette les pieds. Selon plusieurs festivaliers, blogueurs et autres DJs et artistes sur place, il faut remettre les événements dans leur contexte : 23 juillet, “Young Thug” est programmé pour 22h et, il se murmure que le rappeur aurait volontairement raté vols et connexion pour arriver à Port-Louis…caprice de star. Résultat, un DJ qui essaie tant bien que mal de divertir une foule de plus en plus mécontente, et un “Young Thug” qui arrive à 5 heures du matin, et qui en plus se permet le luxe d’être mécontent de l’accueil froid qu’il reçoit. Il ne lui a donc pas fallu plus pour insulter le public… Et dernière insulte du rappeur, une vidéo qu’il a publiée quelques heures après et dans laquelle il lance “Guadeloupe fuck y’all”. La traduction est-elle vraiment nécessaire ?” Notre collaboratrice a raison. “S’il ne souhaite pas revoir la Guadeloupe, on pourrait aussi assurer que la Guadeloupe n’a que faire d’un petit gangster sans talent ni envergure et qui se prend pour un rappeur”. Gageons, est-ce si sûr, Axelle, (Errare humanum est, perseverare diabolicum) aussi que les organisateurs de spectacles choisiront désormais leurs têtes d’affiche avec plus de discernement.
L’autre article est de notre rédacteur en chef intitulé “Terrorisme ! Le mimétisme violent”. Une chronique qui traite des structurations et déstructurations psychiques par le désir mimétique. Pourquoi, les jeunes et les faibles d’esprits, s’interroge Jocelyn DURIZOT, sont plus à même de commettre par “mimétisme” l’irréparable”. Pour rappel, le mimétisme comportemental est fréquent chez les animaux, particulièrement chez les jeunes. Par exemple, c’est par mimétisme que les jeunes apprennent des aînés et les animaux le chant et le cri de leur espèce. L’être humain fait souvent preuve aussi de comportements mimétiques (dans les stades, les salles de spectacles, lors d’une panique collective…).
Revenons à la responsabilité. La responsabilité est l’obligation de répondre de ses actes, principalement dans les cas où ceux-ci sont condamnables, légalement ou moralement. Répondre de ses actes, c’est en fait en assumer toutes les conséquences. C’est surtout s’exposer au jugement d’autrui, voire de soi-même ; ce dernier cas peut être illustré par la mauvaise conscience, qui suppose toujours (ou devrait toujours supposer) la responsabilité de ce qu’on a fait. Ces irrespon-
sables ont une parade toute faite face à leur responsabilité : les excuses. “Je n’ai pas pu prévoir, c’est le destin, c’est à cause de, sé pa ma fòt-ou). Une société en délitement, en déliquescence préfigure la barbarie. Laissez faire, c’est démissionner. D’autres diraient “déserter».
La responsabilité est le ciment de toute société. Il n’y a pas de liberté sans responsabilité ! Nous ne saurons terminer sans rajouter que la responsabilité ne s’arrête pas à ses propres actes. Il faut interroger ici la notion de la responsabilité du fait d’autrui. Une personne peut être juridiquement responsable d’une autre personne. Elle engage sa responsabilité délictuelle lorsque celle-ci a causé un dommage. Ce type de responsabilité est régi à l’article 1384 du Code civil, et notamment en son premier alinéa qui dispose que : “On est responsable non seulement du dommage que l’on cause par son propre fait, mais encore de celui qui est causé par le fait des personnes dont on doit répondre, ou des choses que l’on a sous sa responsabilité.
A bon entendeur salut. Sé pa ma fot, nou las !