Un risque plus fort que dans l’Hexagone et dans les autres DOM
54 personnes ont trouvé la mort sur les routes de l’archipel en 2024. C’est 14 de plus qu’en 2023, l’année la moins tragique de la période 2019-2024 et 11 de moins qu’en 2021, l’année la plus terrible. Ces chiffres ne rendent cependant pas compte en eux-mêmes de la singularité de la Guadeloupe. C’est en effet par comparaison avec les autres DOM, la France hexagonale et l’UE qu’apparaît l’ampleur du drame que représente la mortalité sur les routes de Guadeloupe.
Selon les données de l’Observatoire national interministériel de la sécurité routière pour la période 2019-2021, la mortalité par million d’habitants était de 45 en France hexagonale, de 143 en Guadeloupe, de 120 en Guyane, de 78 en Martinique, de 48 à la Réunion et de 43 à Mayotte. Presque deux fois plus de morts sur les routes de Guadeloupe que sur celles de l’île sœur et presque trois fois plus qu’à la Réunion ou dans l’Hexagone. Difficile à croire, à admettre et à expliquer…
En 2023, dans l’Union Européenne, 20400 personnes ont trouvé la mort sur les routes, soit 46 par million d’habitants, et s’il y a bien des disparités d’un Etat à l’autre, de l’ordre de 1 à 3, les pays les plus sûrs étant la Suède (22) et le Danemark (27) et les moins sûrs la Bulgarie (82) et la Roumanie (81), on est loin des chiffres de la Guadeloupe qui détient un record absolu dont elle ne peut ni se réjouir ni être fière.
La Réunion, la Martinique et la Guadeloupe sont des territoires montagneux sans différences topographiques de nature à justifier une majoration importante des risques entraînant une surmortalité en Guadeloupe. La question du lien entre la mortalité sur les routes de Guadeloupe et le comportement des usagers se pose alors inévitablement.
Les bilans des contrôles sur les routes de Guadeloupe sont à cet égard instructifs. Nul doute que le défaut de permis de conduire, les excès de vitesse de plus de 20, 30, 40 et même 50km/h, les conduites sous l’empire de stupéfiants ou d’un état alcoolique, les franchissements de ligne continue, le non respect des stops, l’utilisation du téléphone au volant, qui sont régulièrement constatés, constituent des facteurs d’accident. Quant au défaut de port du casque pour les usagers des deux roues et de la ceinture de sécurité pour les automobilistes et leurs passagers, ils sont indéniablement des facteurs d’aggravation des conséquences des accidents.
De telles infractions au code de la route sont nombreuses ainsi que le révèlent les bilans des contrôles routiers effectués par la police et la gendarmerie dans leurs zones de compétences respectives.
Durant le week-end du 22 au 24 novembre 2024 : en zone de gendarmerie, 144 infractions ont été relevées ; parmi elles : 28 pour excès de vitesse (dont 17 de plus de 20km/h, 8 de plus de 30km/h, 1 de plus de 40km/h et 1 de plus de 50km/h), 14 pour conduite sous produits stupéfiants, 11 pour non respect du stop, 7 pour conduite sous l’empire d’un état alcoolique, 6 pour non port de la ceinture de sécurité, 3 pour non port du casque et 1 pour l’usage du téléphone au volant ; en zone police, 59 automobilistes sur 78 contrôlés ont été verbalisés notamment 19 pour franchissement de la ligne continue, 8 pour non port de la ceinture de sécurité, 6 pour usage du téléphone au volant, 3 pour non port du casque, 1 pour conduite sous l’empire d’un état alcoolique.
Durant le week-end du 10 au 12 janvier, 133 infractions ont été relevées en zone de gendarmerie, dont 5 pour défaut de permis de conduire, 25 pour excès de vitesse (7 entre 30 et 40 km, 1 entre 40 et 50 km/h et 2 de plus de 50 km/h), 13 pour conduite sous l’empire de stupéfiants et 11 sous l’empire d’un état alcoolique, 8 pour usage du téléphone au volant, 4 pour défaut de port du casque, 5 pour défaut de permis de conduire, 11 pour non port de la ceinture de sécurité. En zone de police nationale, 46 automobilistes sur 67 contrôlés ont été verbalisés notamment 2 pour excès de vitesse, 1 pour conduite sous l’empire d’un état alcoolique, 7 pour usage du téléphone au volant, 12 pour non port de la ceinture de sécurité, 1 pour franchissement de la ligne continue, 2 pour défaut de port du casque.