Les élections législatives arrivent à grand pas. À peine quatre semaines nous séparent du premier tour. Les états-majors politiques fourbissent leurs armes pour ce qu’on a coutume d’appeler le 3e tour des élections présidentielles. Tant pour confirmer le pouvoir du président nouvellement élu, que pour l’atténuer, voire le désavouer. En France, les principaux partis de gauche ont signé une alliance électorale dénommée NUPES (Nouvelle Union Populaire Ecologiste et Sociale) autour de la France Insoumise. Objectif, obtenir une majorité parlementaire afin de provoquer une cohabitation. La stratégie de Jean-Luc MELENCHON affichée dès le soir du second tour est de transformer son élimination au premier tour en majorité à l’assemblée nationale française en juin. Mélenchon 1er ministre ! Mais il y a loin de la coupe aux lèvres. Car qu’on le veuille ou non, le vrai vainqueur de cette présidentielle est bien Emmanuel MACRON non seulement par son score du premier et du second tour mais également par le fait qu’il a désormais les mains libres pour donner (ordonner) la direction qu’il veut à second mandat. Le président réélu n’est plus tenu par aucune contrainte politicienne tant il apparaît comme disposant de pouvoirs qu’on pourrait qualifier de « Jupitérien » pour le coup. La non-alliance à l’extrême droite et l’anémie de la droite font que le président Macron a peu à craindre d’une opposition qui puisse entraver son action.
On le voit dans les investitures délivrées par la LREM (désormais Renaissance) qui illustre le fait du prince. Macron, en ne dévoilant pas le nom du futur Premier ministre pour s’afficher comme le seul chef de la majorité, a personnellement supervisé la totalité des investitures de son parti en se souvenant parfaitement de la loyauté et de l’implication des uns et des autres.
C’est ainsi qu’en Guadeloupe le député sortant LREM Olivier SERVA qui s’était éloigné du parti et avait voté contre l’obligation vaccinale, sera sûrement évincé des investitures. Il pourrait toutefois bénéficier du soutien du GUSR et profiter des divisions Abymiennes. Car dans cette première circonscription, c’est Éric JALTON qui tire les ficelles. Bien que le maire des Abymes refuse d’investir officiellement un des trois candidats estampillés FRAPP (Alix NABAJOTH (encore incertain), Nadège MONTOUT et Dominique BIRAS), c’est à son ami et loyal militant Dominique BIRAS qu’il donne l’absolution du grand timonier. Par contre, le parti socialiste, lui, soutient dans cette circonscription l’autre candidate de la FRAPP, Nadège MONTOUT de la France Insoumise, investie par la NUPES. Auparavant Jocelyn SAPOTILLE, en tant que président du GPS, le groupe d’opposition au sein de l’assemblée départementale, prenait soin de se distinguer de la fédération PS en publiant sa propre liste de soutiens. Ce faisant, il « obligeait » le maire de Saint-Claude Elie CALIFER à se déclarer officiellement dans la 4e circonscription. Ah la politique !
Dans cette quatrième circonscription, outre le maire de Saint-Claude, devraient se lancer dans la bataille, Marie-Luce PENCHARD l’ex-maire de Basse-Terre et actuelle 2e vice-présidente de la Région. Néanmoins elle aura face à elle une autre conseillère régionale, la jeune avocate Jennifer LINON, présidente de la commission formation professionnelle à la Région et soutenue par l’ancien maire de Vieux-Habitant Aramis ARBAU. Les deux conseillères régionales se sont d’ailleurs retrouvées en « campagne » à la foire artisanale de Vieux-Habitants dimanche dernier. Comment le GUSR et le président de région trancheront-ils entre les deux candidates ? Toujours dans cette circonscription, le Rassemblement National présente la candidature de Germain PARAN qui était sur la liste du parti d’extrême droite aux dernières régionales. Marguerite CIVIS de la France Insoumise sera également de la partie. Jordan COUDRET de Combat Ouvrier se lancera dans la bataille pour la première fois.
Dans la seconde circonscription, le premier à faire officiellement campagne a été le maire de Sainte-Anne Christian BAPTISTE. Il bénéficie du soutien des socialistes mais également de la maire du Moule Gabrielle CARABIN. Cependant il trouvera face à lui, la députée sortante Justine BENIN — dont le suppléant est le maire de St-François Bernard PANCREL — bénéficiera de l’appui du président de la CARL Cédric CORNET, du soutien du GUSR et des trois maires du Nord Grande-Terre.
Dans la troisième circonscription du Nord Basse-Terre, les socialistes ont adoubé Sylvie CHAMMOUGON-ANO, l’opposante de Baie-Mahault. Le député sortant Max MATHIASIN devra donc tenter de sauver son poste en affrontant d’une part sa belle-sœur et d’autre part le candidat d’Ary CHALUS et du GUSR. Le référent local du RN, Rody TOLASSY qui sera candidat, pourra évaluer son poids électoral personnel.
On le constate, de par les candidatures déclarées, la bataille des législatives n’est pas, contrairement à la France, une bataille de gouvernement mais bien une élection locale. Aussi bien l’Union Populaire de Mélenchon que le RN de Le PEN auront du mal à exister face aux machines électorales du PS, du GUSR ou des majorités municipales, dont les candidats ont été largement élus en juin dernier. Ces législatives donneront en définitive une autre façon d’analyser plus rationnelle, un autre éclairage moins passionné, sur les résultats surprenants et décriés des présidentielles en Guadeloupe.
RJC