Faute de satisfaire les désirs d’un individu, d’un groupe, d’une corporation, d’un chauffard, d’un amour contrarié, de théoriciens-politiciens experts en tout, chacun s’autorise un permis de nuire et même de tuer. Nous le disons souvent. La guerre de tous contre tous, est devenue notre quotidien. Dans un monde de l’instabilité devenue, la plainte multiforme est perpétuelle.
Une demande, une exigence mal fondée, un regard, une envie de possession, mal contenue, une ambition contrariée, se transforment en discours de haine, avec une pathologie souvent meurtrière.
Avec souvent un passage à l’acte si fulgurant, si soudain, et tellement inimaginable, qu’il est de nature à affoler tout entendement des citoyens civilisés. Des actes si horribles dans leur barbarie, et si irrationnels, que leurs auteurs, souvent sur des conseils avisés, se déclarent fous au moment d’être jugés. On parle alors de forcené ou de fanatique.
Les élections présidentielles arrivent et pèseront inéluctablement sur les pouvoirs en place. Des places sont encore à prendre ou à être (ré)confortées. Au moment où on se réfère à Clovis ou à Charles Martel, à Marx, à Trotski, ce n’est pas seulement Jeanne d’Arc qui entend des voix. Il y a aussi nos politiciens républicains, marxistes, nationalistes, et laïcs, qui squattent les rues, les lieux de débats et de culte. Et mêmes les cimetières !
Mais est-ce pour nous sauver, accélérer notre perdition, devenir enfin audibles, sinon crédibles! Toute la question est de savoir si ces voix, viennent du divin ou du malin ?
Ce qui semble le plus abracadabrantesque, le plus extravagant est de savoir pourquoi, des citoyens de plus en plus éduqués et connectés, se laissent si facilement convaincre et embarquer par des militants trop utopistes ou par des bonimenteurs professionnels. Dans une démocratie comme la nôtre, qui est loin d’être une démokrasi truquée, personne n’est totalement innocent. Mais que penser de certains de nos confrères journalistes dont la seule préoccupation, n’est pas d’interroger des élus sur leur responsabilité, présente, immédiate, sur le respect de leur programme électoral ou sur leur solution pour régler ce qui constitue une urgence vitale pour les citoyens et les ménages. La seule question, la seule préoccupation qui vaille à leurs yeux, est celle de savoir si l’élu, le postulant, sera candidat aux prochaines élections. A la députation, aux sénatoriales voire aux municipales de 2020 ! Est-là par fainéantise, par paresse intellectuelle, à cause de difficultés à se pencher sur des dossiers complexes, ou par je m’en foutisme. Mais pour voir plus loin, à l’UJMG, nous le disons à nos confrères, il faut être capable de s’élever et de transcender.
Que dire aussi des rapports encore peu respectables, voire méprisants de ces élus avec les contre-pouvoirs (presse, syndicats, associations, oppositions,) qui sont les piliers et sûrement les meilleurs garants des libertés individuelles et collectives.
Dans le vivre ensemble, il faut ici interroger son horizon temporel. Il y a ceux pour qui tout se joue en quelques secondes. Ce sont nos impénitents joueurs de hasard. D’autres en 90 minutes avec un ballon. Et puis il y a ceux pour qui l’horizon se ferme à 24 heures : ceux qui ne savent pas s’ils mangeront le lendemain, ceux qui sont prisonniers de l’horizon bouché de la précarité. Quelques autres sont fixés à des horizons dépassés, continuant d’attendre le “grand soir”, en récitant de vieux dogmes économiques imperméables à un monde qui change autour d’eux. Et qui continuent encore de nous bassiner avec les recettes miracles des timoniers, conducators et autres leaders maximo.
Il faudrait encore citer ceux dont l’horizon ne peut pas être terrestre : pour eux c’est dans l’au-delà que tout se règlera, en attendant ils tournent en rond dans l’horizon de la résignation.
Et puis, il y a l’horizon du politicien. Son horizon, hélas, c’est celui de la prochaine élection, que ce soit pour garder son fauteuil, le retrouver ou le conquérir… Pour ces pragmatiques, qui savent se réunir pour faire contre et non pour faire pour, revendiquant toujours un amour jaloux et exclusif de la Guadeloupe, il ne faut fâcher personne, promettre à tous, en espérant que les déçus ne seront pas plus nombreux que les fidèles (les obligés plutôt), le jour du scrutin. Dur, dur, la vie de politicien !
Cessons d’entretenir des illusions menteuses. Le monde est difficile. Et ceux qui voyagent (hors des all inclusive) le savent, Eux ! Cessons d’avoir ces exigences d’enfants gâtés qui se plaignent quand le caviar n’est pas à la bonne température. Beaucoup peut se faire en comptant sur nos propres forces, sans attendre éternellement sur l’aide de l’Etat, de l’Europe et des autres. L’heure à notre boussole est à la cohérence donc à l’avenir. A la gagne. Enfin ! Le problème de la Guadeloupe sera résolu d’abord par la volonté des Guadeloupéens de s’en sortir et de vouloir gagner enfin ensemble. L’heure est à l’intelligence collective et au travail. Au travail. La politique n’est pas seulement l’art de résoudre les problèmes. Et encore moins de faire taire ceux qui les posent.
Faut-il en urgence, revoir le dicton “vox dei, vox populi ! Oh que non ! Nous ne sommes pas des putschistes. Et encore moins partisans du grand soir. Et qu’on n’attende pas de nous, de légitimer des décideurs autocrates, ayant compétence sur tout, et qui s’installent dans la défiance permanente qu’inspire la peur. Et surtout la transparence.
Rodes Jean-Claude