Le taux de mortalité infantile (TMI) exprime le nombre annuel d’enfants morts avant l’âge d’un an pour 1000 naissances vivantes. Cette statistique macabre est, avec celle plus réjouissante de l’espérance de vie à la naissance, un indicateur assez pertinent du niveau de développement sanitaire et social des Etats et c’est pourquoi il mérite d’être examiné et d’être comparé même si les obligations de déclaration à l’état civil n’étant pas uniformes, y compris au sein de l’Union européenne, les résultats peuvent être faussés à la marge. Faute de statistiques plus récentes, l’évolution depuis 2017 n’a pu être abordée.
Selon les données de l’ORSAG, le TMI moyen en Guadeloupe était entre 2007 et 2009 de 7,1/ 1000. La situation y était alors meilleure qu’en Martinique et en Guyane où les taux atteignaient respectivement 8,5 et 12/1000. Mais le TMI de Guadeloupe était le double de celui de la France hexagonale.
Entre 2014 et 2016, le TMI moyen s’est détérioré en Guadeloupe où il a atteint 8,14. La Martinique et la Guyane ont en revanche réussi à ramener respectivement leurs taux à 7,26 et 9,15. La Réunion est la région d’outre-mer la plus performante avec un taux de 6,81 et Mayotte occupe la dernière place du classement avec un taux de 9,19. Tous ces taux sont préoccupants.
Le TMI de la France (entière) au cours de cette période s’élève à 3,72/1000. C’est l’Ile de France qui se trouve la région la moins bien classée de l’Hexagone avec des taux allant de 3,12 (Hauts-de-Seine) à 4,43 (Seine-Saint-Denis). La palme d’or revient à la région des Pays de Loire qui s’honore d’un taux de 2,8/1000.
En 2016, le TMI des pays de l’Union Européenne est de 3,6/1000. Le plus faible taux, 1,9/1000, est observé en Finlande ; trois pays, la Slovénie, l’Estonie et la Suède sont en dessous de 2,5/1000. La France est dans la moyenne mais en moins bonne position que l’Espagne (2,7), l’Italie (2,8) et l’Allemagne (3,4). Le Royaume Uni (qui était encore dans l’UE) a un TMI de 3,8 et les pays les moins performants sont la Roumanie (7) et Malte (7,4).
Dans presque tous les pays de l’UE, le TMI a diminué entre 2005 et 2016. Ainsi est-il passé en Roumanie de 15 à 7, en Finlande de 3 à 1,9, en Espagne de 3,7 à 2,7. La diminution est cependant moins marquée en Allemagne, en Italie et en France où les taux ont tendance à stagner.
Selon l’OCDE, la France est en 2016 au 22ème rang mondial. Si ce classement ne mérite ni excès d’honneur ni indignité, une politique en vue d’une amélioration s’impose, tout particulièrement dans les territoires d’outre-mer. Pour sortir de l’abstraction des chiffres, il suffit de rappeler qu’un TMI ramené à 2/1000, ce serait 1300 petits cercueils en moins chaque année… Certes, comme je l’ai évoqué en introduction, les nouvelles exigences déclaratives résultant des dispositions de l’article 6 de la loi n° 93-22 du 8 janvier 1993, sans équivalent dans de nombreux pays, peuvent avoir une incidence légèrement défavorable sur le TMI français. Je renvoie les curieux et les sceptiques à la lecture de l’article 79-1 du code civil qui en est issu. Des causes médicales et sociales peuvent aussi être évoquées même si, n’étant pas, du moins pour la plupart, une exclusivité française, elles doivent être relativisées et ne peuvent servir d’alibi à l’inaction. Figurent en bonne place en Guadeloupe parmi ces facteurs de risques, l’obésité, l’hypertension et le diabète. Plus généralement la prématurité, les naissances multiples (jumeaux, triplés), l’âge plus élevé des mères que par le passé, et à l’inverse les grossesses des très jeunes filles ainsi que l’augmentation de la part des femmes étrangères issues de l’immigration et en situation précaire dans le total des naissances jouent sans doute un rôle.
Il appartient aux politiques sanitaires et sociales d’en tenir compte.