GUILLAUME TRICHARD, Grand Maître du Grand Orient de France, était de passage en Guadeloupe, nous avons saisi cette opportunité pour mieux connaître les réalités et objectifs du Grand Orient de France(GODF) dans notre région.
Légende : Guillaume Trichard, Grand Maître du GODF au MACTe devant la stèle en mémoire des captifs mis en esclavage.
j. DURIZOT
Quel est l’état de santé actuel du GODF, alors qu’’il semble que la Franc-Maçonnerie régresse dans beaucoup de pays ?
Le Grand Orient de France( GODF) n’est pas impacté. Il est vrai que la pandémie du Covid 19, avait provoqué un arrêt puis un ralentissement de nos activités et avait fait craindre un recul des effectifs. Ces doutes ont été heureusement levés. Et nous assistons plutôt depuis plusieurs mois à un regain d’intérêt, en particulier des jeunes qui candidatent spontanément pour trouver au sein de notre Obédience un lieu apaisé de débats et d’échanges permettant réellement de répondre à leur aspiration personnelle de réflexion dans le cadre d’une démarche initiatique.
J.D :Quelle est la situation du GODF dans notre région ?
D’abord, il faut s’accorder sur le sens donné au mot région. S’il est question de la Guadeloupe, le GODF y est fortement représenté avec 8 loges actives à Pointe à Pitre et à Basse-Terre.
Ces loges sont très actives. Elles participent aux travaux de l’obédience. Elles étudient chaque année un certain nombre de thèmes arrêtés par notre Convent (assemblée générale des 1400 loges).
Elles s’intéressent aussi plus particulièrement à des questions qui touchent à la réalité et à l’avenir de la société en Guadeloupe.
Au niveau de la région géographique, nous avons 26 loges actives en Haïti, en République Dominicaine, à Saint-Martin, en Guadeloupe, en Martinique et en Guyane qui échangent régulièrement entre elles et qui constituent un pôle majeur de la franc-maçonnerie libérale et adogmatique dans cette belle région du monde.
J.D :Pourquoi votre parole publique est-elle si rare ?
La parole du GODF n’est pas si rare. Nos points de vues et actions sont régulièrement relayées par la presse et nous communiquons sur les réseaux sociaux.
Quant aux échanges directs avec le public, partout où nous sommes présents nous organisons des conférences publiques autour de questions de société et nous ouvrons fréquemment nos temples dans le cadre d’expositions ou lors par exemple des journées du patrimoine.
Ainsi en Guadeloupe, l’an dernier deux conférences publiques ont eu lieu au Centre culturel des Abymes, l’une sur la laïcité, l’autre sur le développement durable, suivies par un très large public. A Basse-Terre nous avons invité des membres de la société civile( merci de votre présence et précieuse contribution) à débattre avec nous du « Revenu Universel Inconditionnel ».
Par ailleurs, la plupart des travaux produits par nos loges font l’objet de publications dans des revues et sont accessibles sur certaines plateformes documentaires.
Des efforts toutefois sont encore nécessaire pour aller à la rencontre des jeunes.
Il n’y a rien de secret en franc-maçonnerie. Il y a de la discrétion sur l’appartenance de nos membres, et ce en raison de l’anti-maçonnisme qui fait du franc-maçon le bouc émissaire. Je veux rappeler que depuis l’origine de la franc-maçonnerie, les francs-maçons ont été stigmatisés, ciblés, attaqués.
L’anti-maçonnisme a atteint son paroxysme pendant le régime scélérat de Pétain. Les francs-maçons dès l’été 1940 ont été arrêtés, emprisonnés, déportés dans les camps et certains y sont morts. Depuis plusieurs décennies des efforts considérables sont faits pour montrer que les frères et sœurs sont des hommes et des femmes de bonne volonté qui n’ont qu’une seule ambition améliorer la société pour qu’elle soit plus juste plus solidaire plus éclairée.
J.D :Vous passez quelques jours entre Saint Martin, la Guadeloupe et la Guyane: quel est l’objectif de ce voyage ?
Il s’agit d’abord et avant tout d’aller à la rencontre des frères et des sœurs de ces différents territoires pour partager leurs travaux. A Saint Martin, il s’agissait de l’inauguration d’un temple. En Guadeloupe, de participer à la fête annuelle du solstice. En Guyane il sera notamment question au cours d’une conférence publique, des réponses du GODF aux défis de la République.
Je souhaite également échanger avec eux sur les réalités auxquelles ils se confrontent, sur ce qui fait leur actualité et priorités pour mieux les comprendre et surtout sur la manière dont nous pourrions améliorer notre approche.
Nous sommes confrontés à des enjeux sociétaux importants, l’obédience ne peut se tenir à l’écart de ces préoccupations.
Pour en savoir plus
Le Grand Orient de France, première obédience maçonnique en France, est directement issu du siècle des Lumières. Il travaille à l’amélioration matérielle et morale, au perfectionnement intellectuel et social de l’Humanité. Sa devise est Liberté, Égalité, Fraternité.
Propos recueillis par DURIZOT JOCELYN
