Hors de question de repousser la date de la rentrée scolaire, s’est écrié le ministre de l’Éducation Nationale, Jean-Michel BLANQUER.
Il se trouve que certains syndicats, se disant inquiets de la résurgence de l’épidémie, ont réclamé déjà un report. Le ministre et le gouvernement se sont voulus inflexibles. La rentrée aura donc bien lieu la première semaine de septembre. Même si pour le ministre des “exceptions locales” pourront être envisagées. “L’éducation n’est pas une variable d’ajustement, ni de nos sociétés, ni d’une crise sanitaire ».
Messages reçu 5 sur 5 semble-t-il dans l’Hexagone tant la question d’une rentrée différée semble sensible. En Guadeloupe, c’est l’expectative. Si les syndicats se sont faits une raison à rentrer dès les premiers jours de Septembre, leurs inquiétudes persistent quant à l’organisation pratique de cette rentrée. Selon le SPEG, pour lequel le risque zéro ne doit pas exister dans ce bas monde, des craintes réelles ou fantasmées, demeurent quant à de possibles clusters à causes de locaux et de moyens inadaptés, surtout à l’université.
Pour l’UNSA, la question de l’eau semble être réglée même si elle se pose toujours en certains endroits.
La problématique de désinfection et de nettoyage des salles demeure. Le protocole concernant l’EPS et les arts plastiques n’est pas encore connu de tous. Pour la FSU, « l’anti Macron », plus politisée, le plus réfractaire à faire la rentrée la semaine prochaine, les établissements scolaires, en l’état, ne seraient rien d’autres que des nids à virus dans lesquels les enseignants et les élèves vont se contaminer mutuellement. Comme on le constate et surtout en période de crise, il n’est pas de bonne politique d’ajouter de la peur aux peurs. La question des masques demeure une vraie question et pas uniquement dans les établissements scolaires.
Toutes ces prises de positions me font en définitive penser à ce que j’écrivais à la fin du mois d’avril dans le numéro 3272 sur la nécessité d’effectuer cette rentrée. C’est que je prêchais dans le vide ou plutôt tel un hurluberlu qui se mettrait à la Pointe des Châteaux pour affronter le cyclone Hugo. Pourtant outre le bon sens qui me semblait-il devait prévaloir à ce moment-là, l’intérêt fondamental des enfants, surtout les plus démunis et les plus en retard, aurait dû passer en première ligne. Car, écrivais-je en Avril : «Au Progrès Social, depuis des décennies, nous consacrons moult articles à nos ressources et potentialités. Et si notre expertise a du prix, surtout dans la tourmente, c’est que notre détermination à penser le pays, avec des analyses et des propositions ouvertes, reste sans tâche.
Parce que nous nous inscrivons dans le réel et pensons le complexe, nous assumons toutes les incertitudes qui peuvent frapper notre archipel et le monde. Et en l’occurrence celle inédite du COVID19 ». Et c’est justement pour cela que je posais alors la question : «Sérieusement qu’est-ce qui empêche de nous préparer à la rentrée scolaire du 11 mai au lieu d’attendre une hypothétique amélioration de la situation en Septembre ? Peut-on laisser nos enfants 6 mois sans école en creusant davantage les inégalités ? ». Or la majorité des élus pour des raisons souvent inavouables s’est opposée à la rentrée en Mai tout simplement parce qu’ils n’avaient pas fait le boulot afin de se préparer ou du moins de préparer leurs écoles, collèges et lycées à recevoir les enfants et les parents qui voulaient bien reprendre.
L’argument principal pour masquer cette impéritie des élus était qu’il valait mieux prendre le temps de préparer une bonne rentrée en Septembre quand tout serait rentré dans l’ordre. Que croyez-vous qu’il advint ? Telle la cigale de la fable de la Fontaine, ces longs mois de « vacances » n’ont guère été mis à profit pour parer à toutes les éventualités. Et nous voilà en Septembre, avec une épidémie qui semble reprendre de la vigueur, à se demander encore ce qu’il faut faire. C’est à croire qu’aucune disposition n’a été prise pour préparer le pire. Peut-on prendre le risque d’une nouvelle année scolaire tronquée, désorganisée et en définitive gâchée, faute d’avoir su donner une perspective aux parents, aux enseignants et aux élèves ?
Pourquoi en sommes-nous encore à quelques jours de la rentrée, à organiser des réunions d’élus pour savoir comment mieux organiser la rentrée scolaire ? J’hallucine comme diraient les jeunes.
Pourtant en Mai nous avions prévu que la situation aurait pu se dégrader et qu’il valait mieux commencer déjà à vivre et enseigner avec des conditions sanitaires strictes car la sagesse doit prévaloir sur certaines logiques. J’écrivais alors «Dans chaque commune, dans chaque école, dans chaque classe tout ce qui est possible doit être fait. Et s’adapter. La priorité ce sont les enfants et surtout les plus déshérités». Car la priorité absolue, dans un pays vieillissant comme le nôtre, devait et doit être l’éducation de notre jeunesse. L’école comme le préconisait le recteur Juminer, est la terre des hommes sans terre. Je concluais ainsi en Mai : «Dans un monde de plus en plus incertain où rien n’est jamais définitivement écrit et encore moins garanti, sachons donc aller à l’essentiel ». J’assume. Rien à retirer.
Rodes Jean-Claude.