Vous nous aviez avertis, lors de l’annonce d’un premier cluster en juillet qu’une deuxième vague de l’épidémie de COVID-19 était possible. Sommes-nous à présent face à cette deuxième vague ?
Malheureusement je pense que nous y sommes. Nous n’avons pas réussi collectivement à stopper les chaines de contamination. Le virus circule activement sur l’ensemble de notre territoire. Pourtant, nous avons alerté, nous avons ouvert grandement l’accès aux tests pour que les gens porteurs asymptomatiques puissent savoir et éviter ainsi les contaminations, nous avons mis des filtres vis-à-vis de voyageurs en leur demandant de réaliser un test avant d’arriver sur notre territoire, nous avons sans cesse rappelé les gestes barrières. Pourtant les chaines de contamination se sont multipliées. Ce constat n’est pas uniquement sur notre territoire, c’est partout la même chose.
Pensez-vous que ce sont les vacanciers et les jeunes qui ont favorisé cette nouvelle flambée de l’épidémie sur notre territoire ?
Je pense assurément que les flux croisés de personnes pour les vacances ont favorisé les contaminations, que les retrouvailles en famille, où il est tellement difficile de ne pas s’embrasser et passer du temps en promiscuité, et évidemment l’envie de se laisser aller lors de soirées festives ont été des facteurs déterminants de la reprise de l’épidémie. Les contaminations sont majoritairement trouvées chez les adultes jeunes entre 20 et 40 ans, ce qui explique que pour le moment nous avons moins de cas graves que lors de la première vague. Ainsi, je tiens à rappeler aux personnes jeunes, qui, même si elles se sentent en pleine forme, doivent considérer qu’elles sont porteuses du virus. Cette considération les conduira, je l’espère, à respecter les gestes barrières et à protéger les plus fragiles. Je rappelle aussi que quelques jeunes personnes sont malheureusement décédées du COVID-19 dans le monde et d’autres ont aujourd’hui des séquelles.
Finalement, tout ce qui a été fait lors de la première vague s’avère-t-il inutile aujourd’hui ? Le confinement avait permis la maitrise de l’épidémie et à présent la voilà à nouveau sur notre territoire.
La maitrise de la première vague a été fort utile au contraire. En effet, cela a évité que plus de personnes fragiles ne soient contaminées car à ce moment-là on ne connaissait pas encore bien la mécanique de transmission, on ne savait pas que des personnes pouvaient être porteuses asymptomatiques et, ne se faisant pas dépister, elles pouvaient être de « super contaminatrices ». Aujourd’hui beaucoup ont compris qu’il pouvait être potentiellement porteur et vont se faire dépister facilement pour protéger leur entourage. De plus, lors de la première vague, nous avons travaillé avec les acteurs de santé pour reconfigurer le système de santé afin d’être en mesure de faire face à ce nouveau virus. Nous sommes prêts à affronter cette nouvelle vague en espérant qu’elle ne dépassera pas nos capacités hospitalières en mesure pourtant d’être grandement optimisées.
Quelle est la stratégie aujourd’hui pour tenter de maitriser à nouveau cette épidémie ?
La stratégie reste fondée avant tout sur les gestes barrières. Il faut absolument que les gens adhèrent à cela. Chacun peut apporter sa pierre à la construction de ce mur face au virus. Je remercie ici les collectivités qui s’engagent en annulant certains rassemblements, en faisant respecter les gestes barrières et en demandant le port du masque dans leurs communes. Le préfet est aussi amené à interdire certaines manifestations ou à imposer des règles plus strictes pour que le respect des gestes barrières soit effectif. C’est dommage de devoir imposer alors que chacun pourrait acquérir simplement les bons réflexes.
Le deuxième pilier de la stratégie consiste à casser les chaines de contamination. Pour cela, nous ouvrons largement le dépistage car quand une personne se sait positive, elle évite de contaminer d’autres personnes. Les médecins, l’assurance maladie et la plateforme RIPOSTE de l’ARS tracent tous les cas contacts à risque élevé d’un sujet positif afin de les prévenir et de leur demander de faire un test. Enfin, nous demandons aux personnes positives de s’isoler pendant 14 jours afin qu’elles ne soient plus contagieuses. Elles peuvent accéder pour cela à un hôtel de protection des proches que la préfecture et l’ARS mettent à leur disposition. Ainsi, ce pilier repose sur un tryptique : tester-tracer-isoler.
Pensez-vous que nous allons nous en sortir ?
Je pense que nous allons devoir vivre avec ce virus encore quelque temps, le temps d’avoir des traitements ciblés ou un vaccin. Il faut donc apprendre à vivre avec les gestes barrières qui seront de toute façon utiles pour les autres maladies transmissibles et nous devons faire en sorte que les plus fragiles ne soient pas contaminés. Notre victoire sera là : redonner du sens à la responsabilité individuelle pour protéger le collectif.