Le chaos ou la cohésion sociale, c’est ainsi que je concluais mon éditorial de la semaine dernière. Pour autant c’est bien le chemin des dissensions que nous prenons en cette fin d’année 2024.
En France c’est toujours la bouteille à encre s’agissant du nouveau gouvernement mais surtout du vote d’un budget et des politiques publiques qui devront être mises en œuvre en 2025. La situation politique est plus qu’incertaine et pour longtemps depuis la dissolution de juillet et du vote de la censure le mercredi 4 décembre dernier. Pour l’instant, on en est au stade des tractations politiciennes dans un entre-soi qui laisse perplexe face à l’immensité des défis qui attendent le prochain gouvernement. Les partis politiques ne prennent décidément pas le chemin pour s’extraire de cette situation Kafkaïenne. Il ne s’agit pas seulement d’une question de réduction du déficit et de gestion de la dette mais surtout de remettre la France sur une trajectoire vertueuse. Mais faute de consensus et encore moins de gouvernement d’union nationale comme ce fut le cas au sortir de la guerre, la France, empêtrée dans ces conflits des ego et des appétits présidentiels, se dirige vers une forte instabilité. Et sans un sursaut, ce sera le chaos.
Les conséquences, contrairement à ce que croient certains, dont beaucoup d’apprentis sorciers, vont se faire durement sentir. Et comme pour ne rien changer ce sont les territoires et populations, les plus vulnérables et si mal traités par la République, qui trinqueront le plus. Et comme j’aime à le dire, quand il y a le feu au palais, on ne s’occupe pas des écuries.
Il faut rappeler que si la dette de la France est élevée, ce n’est pas si catastrophique au fond par rapport à la richesse du pays. Cela n’est pas similaire à la situation qu’a vécue la Grèce il y a cinq ans. Mais quand il n’y a pas de visibilité pour les investisseurs, ce sont des perspectives qui inquiètent. Et on le voit déjà. Et avec ce verdict de l’agence de notation Moody’s qui a dégradé la note souveraine de la France de Aa2 à Aa3, citant des incertitudes politiques et des finances publiques fragilisées.
Pour sortir d’une situation de fort déficit qui grève l’endettement, il faut de la cohésion et de la cohérence. Et une détermination sans faille des gouvernants, des entreprises, mais aussi des organes sociaux, pour parvenir ensemble à retrouver de la croissance et réduire le chômage donnant la priorité au redressement de la nation.
L’optimisme n’a pas été durable. Car si la France avait réussi à diminuer le chômage de 2,5 points en 6 ans, celui-ci est reparti à la hausse cette année.
Dans la compétition économique mondiale, s’agissant de la croissance, la France stagne péniblement autour de 0,9 % alors que les États-Unis vont atteindre 2,8 % pour 2024. Presque trois fois plus ! Autant dire un gouffre, car si la France atteignait 2 % de croissance, aucun des problèmes aujourd’hui évoqués dans la presse ne serait sur la table. L’économie française fonctionne différemment de celle des Etats-Unis. Aussi si les politiciens continuent à s’embourber dans des batailles de chiffonniers, la réalité du monde ne tardera pas à les rattraper. Et là ça risque de faire mal.
En Guadeloupe, c’est la dure et durable incertitude. Il va de soi, que le prochain budget devrait prioriser nos lourds retards de développement et ces insécurités galopantes. Car rien ne va !
Le financement des communes et collectivités, mais prioritairement le développement économique, le logement, l’eau, le social, la vie chère voire sur la sécurité publique, exigent plus de solidarité et de jouer collectif.
S’en sortir ensemble ou périr ensemble. Le choix s’impose. Qu’est-ce qui empêche donc nos trois principales forces politiques au sein de nos assemblées et de nos municipalités, de mettre de côté leurs dissensions et leurs chamailleries pour s’atteler à amortir le choc que vont subir les foyers, les entreprises et notre jeunesse.
Une « entente cordiale » priorisant la paix sociale et une hauteur de vue dans le dialogue social, dans le cadre d’un élan patriotique serait un préalable pour éviter à notre archipel de s’enfoncer encore davantage dans la crise.
À l’aube de cette nouvelle année, il faut souhaiter dans un bain démaré salutaire, qu’on n’assiste plus à ces peaux de banane, aux krochpat, aux petites mesquineries et à la zizanie qui règne au sommet.
Non, la Guadeloupe mérite mieux que cela. Il faut une vision, un cap, une détermination, et un lyannaj de toutes nos forces vives. Et que nous mettions au pouvoir cette intelligence collaborative, privilégiant l’intérêt commun. Il n’y a pas d’autres chemins, pour contrer ces temps difficiles qui s’annoncent.
Il n’y a aucune malédiction programmée pour des peuples de la résilience, déterminés a tiré pyé ayo an vyé soulyé. C’est là notre combat de plusieurs générations au Progrès Social parce que nous sommes tous sur le même bateau.
Passez de belles et joyeuses fêtes.
Jean-Claude RODES