Malgré des mesures incitatives en raison des risques sanitaires liés à l’épidémie de Covid-19. Malgré le report des élections départementales et régionales( prévues en mars 2021) qui ont été reportées dans tout l’archipel France aux 20 et 27 juin 2021. Malgré un avis favorable du Conseil Scientifique sur les risques liés à l’organisation des élections et une consultation des maires, le vote systématique ne cesse de s’éroder au sein de la population électorale. Et ce, sur tout le territoire de la République.
Pour rappel et pour faire barrage à cette abstention qui ne cesse de désacraliser la classe politique, des mesures innovantes comme on le constate ont été prises. Tant en matière de procuration (chaque électeur a pu disposer de deux procurations, contre une seule habituellement). Pour rappel, pour rassurer, toutes ces mesures, tant sanitaires que pour l’organisation du scrutin, ont été prises et respectées chez nous et ce malgré la grogne syndicale ( et le « petit » dérapage de l’incivilité à Gosier)
Comment analyser donc cette défiance et cette montée de l’abstention qui fragilisent la démocratie. Et quid de la légitimité des représentants, quand ils représentent davantage eux-mêmes ou un clan, que la population ?
Quid de ce sentiment d’inutilité du vote ? Quelles que soient les alternances et les combinaisons au pouvoir, les problèmes demeurent, tandis que les partis se chamaillent. Mais aussi les militants qui obéissent plutôt à leur destin qu’à celui d’un parti, voire d’un pays. D’où cette défiance radicale chez nous et cette montée de l’abstention.
La politique a t- elle encore le pouvoir de changer la vie ?
On ne reviendra pas sur le problème de l’eau et de toutes ces insuffisances et scandales politico – financiers, qui hantent notre quotidien. A l’analyse, cette abstention qui touche tous les territoires de la République, révèle aussi les mutations du monde qui devancent et dépassent les programmes politiques. La politique n’infléchit plus grand chose, elle se contente d’entériner et de légiférer le bouillonnement indistinct des novations sociétales et technologiques. Quid de cette dynamique du monde surtout avec de nouvelles exigences générationnelles ( d’où le bon score de « NOU » qui pulvérise la légitimité traditionnelle des appareils institutionnels. Et discrédite la politique des échecs répétés. . Mais quid aussi de la politique qui parlent beaucoup plus d’idéologies , de leurs rancunes, et pas assez d’économie, domiciliée. Quid de cet insupportable silence sur le MEDEF du Guadeloupe d’abord , du faire ensemble et sans langue de bois ?
Quid de l’absence de campagne électorale et de terrain.
Abstention record depuis la 5ème République. 3 électeurs chez nous sur 10 se sont rendus aux urnes pour le premier tour des élections régionales et cantonales. L’enjeu du scrutin a-t-il échappé aux électeurs? Oui et très largement. En fait, le problème n’est pas vraiment du côté des électeurs (manque de culture politique) mais du côté de l’absence de campagne électorale et surtout de la proximité. En fait, le débat n’a pas porté sur le rôle de la Région, ou du Conseil Départemental, mais sur les luttes de personnes, de leaders, et des insuffisances de leur programme. Il est aussi vrai, que les électeurs sont toujours sous le coup de la crise sanitaire et des inquiétudes et craintes qu’elle a suscitées. Et la situation de la météo ( pluie) n’a guère incité au déplacement.
Quid du 2ème tour ?
Y -aura t- il un redressement au second tour, quand la défiance politique est devenue une donnée structurelle de notre vie démocratique ? Chaque année, les indicateurs et la presse citoyenne, enregistrent les multiples facettes de cette crise de défiance politique. Avec une perception négative des personnalités politiques, sentiment que les hommes et femmes politiques vivent en vase clos, dont ils parlent sans cesse, mais d’eux-mêmes et pour eux-mêmes, leur manque d’empathie pour ceux qui galèrent dans la vie. On peut avancer qu’en contexte de très faible mobilisation, les candidats qui disposaient d’une bonne notoriété (les candidats sortants, notamment) ont pu mieux s’en sortir. Il a été très difficile aux candidats peu connus et peu implantés , mais pas leurs idées, ( sauf NOU) qui ont créé un « effet de surprise » par rapport aux intentions de vote qui étaient annoncées,
Comment donc faire émerger la parole citoyenne, pour que sa volonté soit respectée et suivie d’effets. Au 2ème tour, assisterons-nous à un rebond de participation, quand l’abstention reste si importante et la crise démocratique toujours préoccupante ? Notre vie politique gagnerait – elle beaucoup à trouver les moyens d’aller chercher, et surtout à reconnaitre, d’autres talents politiques dans notre pays. Ils existent !
DURIZOT JOCELYN