La semaine dernière, s’est achevé ce long cycle d’élections municipales et communautaires par l’accession de Cédric CORNET au poste de président de la Communauté d’agglomération Riviera du Levant. Cornet qui décidément manie déjà la chose politique comme un vieux de la vieille – car depuis longtemps en politique – a profité de l’opportunité offerte par la rivalité entre GUSR et PS pour ravir ce siège tant convoité, au nez et à la barbe de Christian BAPTISTE et du PS. Ce dernier voit là, s’évaporer une fois de plus, une opportunité de remporter une présidence d’EPCI.
Le jeune maire du Gosier, alors qu’il avait reçu le soutien appuyé du maire des Abymes Éric JALTON, de la présidente du Département Josette BOREL et de nombreux caciques du PS, qui voyaient en lui peut-être, un faire-valoir et un moyen de sortir le GUSR de la mairie du Gosier, n’a pas hésité une seconde à s’allier avec ce même GUSR pour prendre la présidence de la CARL. Mais il allait plus loin. Sitôt installé, à grand renfort médiatique, il prenait la tête d’un mouvement pour sauver le SIAEAG et ses salariés de la liquidation en convoquant — le mot n’est pas trop fort — les présidents Bardail de la CANGT et LOSBAR de la CANBT. Ce qui rendait furax Éric JALTON, président de Cap Excellence, qui s’est toujours opposé aux autres présidents d’EPCI sur ce thème du remplacement du SIAEAG par une structure unique de l’Eau. Ce jeu de billard à trois bandes démontre une nouvelle fois s’il en était besoin que les alliances politiques ne sont dorénavant que de circonstances. Il n’y a plus de vision commune tant qu’elle ne cadre pas avec les intérêts personnels et politiques du moment. Step by step. Une marche puis une autre pour émerger et s’imposer aux plus hautes destinées. Tout homme politique croit en une destinée.
Et d’autant que la plupart d’entre eux ont lu Machiavel. Machiavel réfutait toute conception morale du pouvoir : le chef ne doit pas obéir à une morale fixe, mais s’adapter aux circonstances, ce qu’il appelait la fortune (”fortuna”, en latin, signifie la chance, le destin). Il redéfinissait ainsi le champ politique comme le lieu d’affrontement du destin (fortuna) et de la volonté (virtu). Attention, en dissociant la morale du pouvoir, il ne dit pourtant pas que le chef doit être immoral, mais qu’il peut s’affranchir de la morale si c’est nécessaire. By any means necessary avait dit Fanon, repris plus tard par Malcom X dans un autre registre. Le chef doit incarner cette volonté de dépassement de la nécessité. L’action politique ne peut être jugée que sur sa réalité et non sur ses potentialités ou les intentions qui la fondent.
C’est ce qu’aujour-d’hui on appellerait le pragmatisme, ou la suprématie de la fin sur les moyens.
Peut-on dès lors penser que, comme d’autres, seule compte désormais pour Cornet, l’élection régionale de mars prochain. Et sur ce sujet, les ambitions sont tangibles. Outre le sortant CHALUS, LOSBAR du GUSR, JALTON avec les socialistes, voilà que Cornet s’auto – légitime «step by step» à entrer dans la danse. D’autant qu’il se retrouve, avec la présidence de la CARL, en première ligne pour décrocher la timbale et avoir la mainmise sur la future structure unique de l’eau. Surtout si celle-ci est débarrassée des dettes colossales du SIAEAG. On comprend dès lors que le futur du SIAEAG soit devenu un enjeu stratégique non seulement pour les futures élections mais également parce que certains espèrent dans l’opération, effacer les 53 millions de créances que le SIAEAG détient à leur égard. Sommes qui sont quasiment équivalentes aux dettes du SIAEAG. Autrement dit, il va falloir négocier serré. Dans ce jeu, l’État ne laissera certainement pas sa part aux chiens. Car il doit à la fois assumer son rôle régalien de « protéger » les usagers en leur garantissant une fourniture régulière d’eau de qualité, mais doit aussi —ne soyons pas dupes — s’assurer de la préservation des intérêts des multinationales françaises.
D’autres acteurs et notamment les présidents des collectivités restent véyatif. Non seulement parce qu’ils sont conduits à mettre au pot pour réparer les réseaux et les usines et assurer un minimum de service à la population, mais également parce qu’ils sont directement concernés par la prochaine élection Régionale.
Et voilà, que là-dessus, que les 3 parlementaires PS volent au secours de CORNET. Ils exigent de la Préfecture, préalablement à toute liquidation, la mise à plat des finances du Siaeag par un mandatement d’office de ses créances auprès de toutes les collectivités, l’engagement de l’État à hauteur de 200 millions ainsi qu’une garantie d’emprunt de 500 millions d’euros.
Mais sur cette question, la voix des usagers et des associations de consommateurs a de plus en plus de mal à se rendre audible. Tout simplement parce que les enjeux financiers et politiques sont considérables. Pourtant, rien ne devrait se faire sans les usagers. Le passé nous l’a bien démontré. Car en définitive, se sont eux les cochons de payeurs. Alors autant qu’on s’habitue à les entendre grogner.
RJC