DES LARMES DE BETON !!

Le vendredi 25 février 2011, le président de l’Université des Antilles et de la Guyane (UAG), Pascal Saffache, prenait un arrêté d’urgence de fermeture de l’actuel bâtiment de recherche, à la Faculté des Sciences exactes et naturelles, sur le campus de Fouillole.

Qu’est-ce qui a motivé cette décision ?

Au cours de cette semaine-là, un garde de corps (espèce de rembarde en béton) de plus de 50 kg chutait dans le bâtiment, faisant monter d’un cran l’exaspération des enseignants-chercheurs, des thésards et des post-doctorants, montrant une fois de plus la dangerosité du bâtiment. Dangerosité ?? Il faut savoir que c’est tous les jours que des plaques de béton se détachent du bâtiment, malgré toutes les purges que ce bâtiment subit régulièrement, chaque année. Dangerosité ?? Il y a une 40 aine de gardes de corps répertoriés tout aussi dangereux que celui qui s’est fracassé, et qui eux aussi, à n’importe quel moment, viendront se fracasser au sol.

Comment est-on arrivé à ce niveau de délabrement de ce bâtiment ?

La sonnette d’alarme est tirée dès la fin des années 1980 par les usagers qui constatent l’accélération du délabrement de ce bâtiment. Deux tentatives de réhabilitation du bâtiment (1990 et 1996) échoueront à endiguer les processus de dégradation. En 1999, une commission d’experts montrait que la dégradation du bâtiment était essentiellement due à des défauts de construction (utilisation de sable de mer non lavé ou mal lavé, et au fait que la couche d’isolation du béton qui enrobe l’acier d’ossature était trop mince). Une trop mince couche de béton qui très vite est agressée et lessivée par les eaux de pluie, mettant à nue l’acier + un béton rempli de sel mer donne une équation très simple, c’est la corrosion de l’acier qui est un phénomène expansif et entraîne à son tour la fissuration du béton qui tombe par plaques, puis à l’écroulement de blocs de béton de plus en plus massifs. Déjà, en 1999, les experts soulignaient que ce phénomène ne pouvait être qu’exponentiel au fil des ans, compte tenu de la quantité de sel contenue au cœur du béton. Vu l’ampleur de la réhabilitation du bâtiment à mener, ces mêmes experts concluaient à la destruction du bâtiment purement et simplement.

Et depuis 1999 ?

Suite à ces recommandations, l’UAG prenait la décision de construire un nouveau bâtiment de recherche, et de vouer à la destruction le bâtiment actuel. La maîtrise d’ouvrage était alors confiée au rectorat de Guadeloupe, pour une livraison du bâtiment en 2003. Aujourd’hui, nous sommes en mars 2011, et ce bâtiment ne sera pas livré cette année, peut-être en 2012, le moins que l’on puisse dire voilà un ouvrage bien mal-maîtrisé !! La situation pourrait prêter à rire de l’incurie manifeste de l’état, si la vie des enseignants-chercheurs, des doctorants et post-doctorants n’avait été mise en danger. Les experts de 1999 attiraient l’attention sur le fait que la dégradation accélérée du bâtiment ne pourrait que diminuer sa résistance en cas de séisme. On ne peut que frémir quand on voit la dévastation du Japon, un pays pourtant très bien préparé au séisme, avec des bâtiments répondant aux standards les plus élevés des normes anti-sismiques. On ne peut que frémir en pensant à ce qui serait advenu de ce bâtiment et du personnel soumis à l’ampleur du séisme qui a frappé le Japon. Il faut que l’état arrête de jouer au poker menteur avec la vie du personnel de la Faculté de sciences.

Que dire de Valérie Pécresse, ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche qui passera, en février 2011, devant ce bâtiment délabré, sans un regard, sans un mot de compassion, mais un regard tout de même pour voir une malheureuse banderole affichée sur ce bâtiment en ruine où le personnel réclamait des moyens supplémentaires pour l’université et pour faire intervenir de manière musclée la police pour arracher cette banderole. Visiblement les priorités ministérielles sont ailleurs, oui à l’inauguration d’un nouveau bâtiment avec le faste et le lustre qui va avec, et non à la préservation de la vie humaine !

Que dire du silence assourdissant de notre ministre de l’Outre-mer, si dévouée à la Guadeloupe, mais tellement absente. Entre ministres, entre la poire et le fromage, ne pourrait-elle demander à sa collègue Pécresse de fè on ti bitin pou soulagè la misè de sé pov’negs !

Et maintenant ?

Les enseignants-chercheurs, les doctorants, et les post-doctorants sont à la porte de leur outil de travail. Ils n’ont plus accès à leur laboratoire de recherche, et ne peuvent plus honorer leurs contrats nationaux et internationaux. Ces contrats constituent entre 30 à 70% du budget de fonctionnement des laboratoires. Si les travaux de recherche ne sont pas menés, les contrats ne sont pas honorés, et c’est donc la mort lente de ces laboratoires de recherche, fleuron de notre recherche universitaire. Ces recherches sont nos préoccupations quotidiennes (moyens de dépollution contre la chlordécone, mise au point de nouveaux matériaux plus résistants à nos conditions climatiques et moins polluants, recherche sur les plantes médicinales de la flore antillaise, protection de la forêt tropicale, Risques liés aux séismes et aux tsunamis,…).

Une solution ? Au boulot l’état !!!

La solution est simple, IL FAUT QUE L’ETAT FASSE SON BOULOT en livrant dans les plus brefs délais le nouveau bâtiment de recherche. Il faut que l’ETAT prenne ses responsabilité, et mette les moyens humains et financiers pour livrer ce bâtiment dans les semaines à venir ! Mais de source sûre, l’état est incapable de donner un échéancier pour la livraison du bâtiment, car des mal-façons sont déjà présents ! Le ridicule tourne à la caricature !

ALORS AU BOULOT L’ETAT ! Nous voulons des actes, ça suffit les promesses !! IL FAUT LIVRER LE BATIMENT DE RECHERCHE !!!

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