La crise sociale qui s’est ajoutée depuis 3 semaines à la crise sanitaire a compliqué sa gestion. Les barrages sur les routes ont rendu difficile et parfois très problématique l’accès des malades et blessés aux établissements de soins, tout particulièrement les hôpitaux ; ils ont eu aussi pour effet de réduire l’activité des centres de vaccination et des lieux de dépistage. La liberté d’aller et venir, le droit à la santé, le droit de travailler, la liberté du commerce et de l’industrie sont pourtant des droits fondamentaux de valeur constitutionnelle au même titre que la liberté de réunion, la liberté d’expression et le droit de grève. Aucun droit fondamental n’est absolu et aucun d’eux ne peut empêcher l’exercice des autres. Le tribunal administratif, à travers le référé-liberté, est là pour y veiller. Encore faut-il qu’il soit saisi. Tel n’a pas été le cas et c’est un sujet d’interrogation eu égard à l’importance des atteintes portées à plusieurs libertés fondamentales par les opposants à la vaccination obligatoire se prévalant de leur liberté personnelle. Il serait pourtant utile que le droit soit dit.
La vaccination des soignants, qui est une obligation légale, progresse lentement. Au 6 décembre, le taux de vaccination est de 87,49% chez les professionnels en exercice libéral et de 90% chez les salariés. Les mesures légales de suspension d’activité concernent ainsi 241 professionnels libéraux et 751 salariés (à comparer à 265 et 811 en fin de S47). Au total, près de 1000 soignants devront se faire vacciner d’ici le 31 décembre, terme du délai qui leur a été consenti ici à titre dérogatoire. Des plateformes d’écoute et de dialogue de ces professionnels viennent d’être mises en place et, à en juger par l’inscription rapide de 81 d’entre eux, semblent répondre à un réel besoin. On verra ce qu’il en est dans les prochaines semaines…
Le suivi de l’épidémie a lui aussi été altéré. Le nombre des tests, qui restent gratuits en Guadeloupe jusqu’au 31 décembre, a beaucoup diminué du fait des difficultés de déplacement entrainées par les mouvements sociaux ; les données chiffrées de circulation du virus, basées sur un échantillon réduit, perdent de ce fait en fiabilité. Il faut donc prendre avec prudence le taux d’incidence de la S48 dont on serait autrement tenté de se réjouir : 26,8 pour 100 000 habitants. Idem pour le nombre de nouveaux cas qui serait de seulement 46 (à comparer à 221 en S45). Ce qui est sûr est qu’au 7 décembre, 6 personnes atteintes de COVID étaient hospitalisées en réanimation, 9 en médecine, 17 en HAD et 26 en services de suite ; également sûr est le nombre des décès de ces malades : 4 au cours de la semaine 48 (pour mémoire : 2 en S43, 1 en S44, 1 en S45).
Les nuits se suivent et se ressemblent ; rares sont celles où aucun incident n’est à déplorer. Au cours de celle du 9 au 10, une patrouille de la police nationale a été prise à partie ; la veille, les forces de l’ordre avaient dû démanteler des barrages notamment au niveau du rond point de Perrin et empêcher la réinstallation de plusieurs autres.
Le père Noël pourra-t-il circuler librement et déposer ses cadeaux ? Devra-t-il exercer son droit de retrait ?