Comme des oiseaux migrateurs, une multitude de candidats à la candidature pour la présidence de la république abordent nos côtes. Hélas pour nos oreilles, qui n’en peuvent plus d’entendre toujours ces mêmes promesses de père noël, et qui à force, donnent la nausée.
Le tragique de l’affaire, est qu’il nous revient que certaines électrices de tous âges, surtout les plus “défraîchies” déclarent un amour irrésistible, non pas aux idées de Fillion ni à son action en tant que 1er ministre, mais à son physique de jeune premier et son sourire “colgate” qu’il n’économise pas! Rien à voir avec la jalousie, mais combien de fois n’a-t-on pas entendu ce refrain en “idolâtrie”, ah que vous êtes beau ! Serait-ce là un remake de l’effet Lecanuet, bravant de Gaulle, dont les anciens parlent encore ? Décidément les motivations humaines et surtout féminines, sont d’une subtile et mystérieuse essence !
A l’analyse, ce rituel des visites électoralistes engendre aussi troubles et confusion au sein des militants. Cette frénésie des primaires LR, c’est la même fièvre qu’on a vécue en 2012, avec les primaires du PS. Cet alignement derrière un candidat est-ce une question de conviction ou l’anticipation d’un savant calcul, pour se différencier ou prendre de l’ascendance sur un rival. Avec bien sûr in fine la faculté de se prévaloir d’un soutien de la première heure et ainsi espérer un éventuel retour d’ascenseur du vainqueur.
Pourquoi après tout, vouloir contrarier cette technique, pragmatique, de konpè Zamba é konpè lapen, consistant à placer toujours un des “nôtres”, dans chaque peloton pour gagner dans tous les cas de figure ?
Certes, dans une élection, sé épi myèl ou ka pwan mouch. Mais ces pratiques ont leur limite. Car notre pays est confronté à une crise sans précédent. Nous sommes au bord du gouffre, si on en croit les deux présidents de nos assemblées majeures, qui sollicitent en urgence, l’aide de l’Etat et de l’Europe pour résoudre nos problèmes les plus urgents (eau, transports, déchets, emploi, RSA…).
C’est avec donc gravité que nous prévenons jantiman nos concitoyens, nos incorrigibles japlod et ceux qui viennent les flatter. Les Guadeloupéens n’ont rien d’une mouche. Ils savent distinguer entre un pompeux programme électoral non avare de promesses et un vrai projet politique.
C’est ici que les médias (Web, presse écrite, radio, télévision…) quand ils sont comme le nôtre des médias “citoyens” doivent jouer un rôle important d’analyse et de décryptage de ces catalogues de promesses.
La politique ce n’est pas qui veut gagner des millions ou combien de millions “je mets sur la table”, comme si cet argent sortait de leur poche ! La politique ne peut se résumer à la gabegie et à la dilapidation des fonds publics, et encore moins au matraquage du contribuable. La politique, c’est la réalisation de projets, même impossibles à première vue. C’est là d’ailleurs, toute la grandeur de la politique. Rendre l’impossible, réalisable.
La politique, la bonne, ce n’est pas de croire que c’est la ressource, qui commande essentiellement un projet. Ce qui importe, et on le voit bien avec les dissensions sur l’eau ou le transport et les déchets, c’est que pour réussir un projet, il doit être partagé. L’utilité, comme la transparence, doivent être pédagogiquement comprise par les administrés, consommateurs, électeurs, et bien sûr par les bailleurs de fonds.
Il faut mettre un terme à ces déceptions post-électorales, surtout quand on y a mis trop de foi ! Dans une démocratie représentative, l’élection ne peut se résumer à une foire électorale ! Et encore moins à un carnaval ! On jou sa ké fini !
La crise chez nous est structurelle. Malgré leurs piètres résultats tous ceux qui viennent rechercher nos voix ont été aux affaires. Vu l’état de l’indigence de notre pays, un procès pour non-assistance en peuple en danger, serait ici légitimement le plus indiqué.
Pour déciller les yeux et réveiller les consciences, nous appelons encore et toujours, à une évaluation de ces promesses électoralistes. C’est-à-dire à leur faisabilité. C’est là, un exercice difficile, mais responsable. Car, il y a toujours de la frustration, une rage amère, quand après la “gagne”, les promesses ne peuvent être tenues. Et l’on a droit à ce moment aux sempiternels
audits et procès en sorcellerie, corollaires de l’immobilisme.
L’évaluation qu’elle soit pré ou post-électorale reste souvent un exercice violent pour ceux qui la vivent et qui s’exposent comme les médias. Pour rappel, Le Progrès Social, Organe d’informations, de défense des intérêts guadeloupéens, d’analyses et de propositions, fondées en 1957, journal doyen de la Guadeloupe, n’a pas de carte politique, sinon celle de la Guadeloupe. “. C’est là, notre credo, d’autres disent notre faiblesse. Mais, nous voulons croire au génie de la politique qui doit rendre l’impossible possible. Nous ne croyons pas aux yaka, et à la propagande simplificatrice et réductrice. A l’utopie oui ! Mais à une utopie créatrice et pragmatique.
Nous ne cessons de le dire, mais les cabèches et pas uniquement sous les tropiques, sont rêches. Comme Henri RODES le fondateur du Progrès Social, nous sommes d’inlassables laboureurs. Ce n’est pas la récolte qui compte, mais les semailles, sur lesquelles nous avons davantage prise. C’est là notre antienne.
Nous l’affirmons. Ce n’est pas l’Utopie qui est dangereuse, car elle est indispensable à l’évolution. C’est le dogmatisme, le populisme et la démagogie, que certains utilisent pour infantiliser les masses et maintenir leur pouvoir et leurs prérogatives.
Rodes Jean-Claude.