Certes l’ histoire ne passe jamais les mêmes plats. L‘expression « cohabitation » est utilisée pour caractériser le fonctionnement sous la Vème République, avec une majorité présidentielle et une majorité parlementaire opposées.
Après consultation du premier ministre, du président du Sénat et du président de l’Assemblée nationale, j’ai décidé de dissoudre l’Assemblée nationale. J’ai acquis pour le président Chirac, la conviction qu’il faut « redonner » la parole à notre peuple, afin qu’il se prononce clairement sur l’ampleur et le rythme des changements à conduire pendant les cinq prochaines années !
Pourquoi vouloir “redonner » la parole [au] peuple !
Certes , à l’époque, comme aujourd’hui, on était en pleine crise politique. Des milliers de personnes défilaient dans les rues pour des raisons diverses et variées. Tout portait à croire que Chirac n’avait pas( plus) la côte. Tout comme aujourd’hui Macron et sa première ministre .
Mais contrairement à Macron, Chirac et son parti représentait la majorité à l’Assemblée Nationale. Et par ailleurs il semblait tant apprécier, son premier ministre Juppé. Alors pourquoi diable dissoudre cette assemblée au risque de perdre cette majorité?
Naïveté ou excès de confiance ! Pensait-il vraiment que les Français si versatiles, et même davantage que mes compatriotes GWADA, allaient descendre râler dans les rues et voter ensuite en masse pour l’UMP de l’époque?
Mais était-ce simplement une vengeance envers des députés « récalcitrants » qu’il voulait absolument mettre à la rue?
Alors avec sa garde rapprochée, Alain Juppé (alors Premier ministre), Maurice Gourdault-Montagne (secrétaire général de Matignon) et Dominique de Villepin (Secrétaire général de la présidence de la République), Chirac cherche des solutions pour résoudre cette équation, dès février 1997. Et finalement, il pose sur la table la possibilité d’une dissolution
La chance dit – on sourit aux audacieux !
Si le calcul n’est pas mauvais, qu’en est – il de son exécution ?
Alain Juppé semble être grillé à cette époque. Pendant des mois, il y a des émissaires qui essayent de convaincre Jacques Chirac( Non ! Pas Bayrou) de changer de Premier ministre, tout comme Macron, mais il ne veut pas !
Autre problème, pour Jacques Chirac faisant le pari que la gauche n’est pas prête, qu’elle sera prise de court avec l’annonce de cette dissolution. Mais en 1997, Lionel Jospin qui n’est pas Mélenchon, est bon, et il est entouré de gens assez brillants : Dominique Strauss-Kahn, Martine Aubry, Ségolène Royal, Bernard Kouchner”. Et pire, pour la droite, la gauche va même se rassembler derrière la personnalité de Lionel Jospin. C’est ainsi que : Chevènementistes, écologistes, communistes se réunissent autour de lui pour former la “Gauche plurielle“, qui remportera quelques semaines plus tard les élections législatives. Une unanimité que ne peut réaliser Mélenchon au jourd’hui !
Pari osé. Pari perdu ! Lionel Jospin débarque à Matignon en tant que Premier ministre. C’est le début de la troisième cohabitation de la Ve République
*Cohabitation !
On parle de cohabitation lorsque le pouvoir exécutif exercé par le président de la République et par le Premier ministre est assuré par deux adversaires politiques, choisis démocratiquement, par les électeurs.
A ce jour, il y a eu 3 cohabitations sous la Ve République. 1986-1988, une première sous la Ve République( Mitterrand- Chirac) . 1993-1995 : une cohabitation consensuelle( Mitterrand- Chirac)1997-2002 : une cohabitation inattendue(Chirac-Jospin) . Une 4 ème Macron et … ? Quien sabé
Lors d’une cohabitation les pouvoirs du président de la République ne sont plus les mêmes car il doit coexister avec un Premier ministre qui prône des idées différentes des siennes. Il n’est donc plus, à proprement parler, le chef de l’exécutif. Cependant, il garde tout de même le statut de chef des armées et peut être amené à s’accorder des pouvoirs exceptionnels en cas de menace militaire par exemple. Il reste également le décisionnaire de l’utilisation éventuelle de la force nucléaire. Le Premier ministre est lui responsable de la défense nationale, même si, souvent, les grandes orientations sont fixées par le président de la République. En ce qui concerne le Premier ministre, en tant que chef du gouvernement, la cohabitation en fait le vrai directeur du pouvoir exécutif.. Les ministres sont, quant à eux, généralement nommés par consensus entre le président de la République et le Premier ministre.