Le 1er tour des élections législatives se déroulera en Guadeloupe le samedi 29 juin. Le territoire est découpé en 4 circonscriptions (C) convoitées par 41 candidats.
Pour être élu au 1er tour, il ne suffit pas d’être en tête ni même d’avoir la majorité absolue des suffrages exprimés (50%+1voix), il faut aussi recueillir au moins 12,50% des voix des électeurs inscrits. Cette double condition est difficile à remplir quand les candidats sont nombreux et la participation faible comme c’est malheureusement coutumier dans l’archipel. Au demeurant, d’une façon générale, les électeurs se mobilisent moins quand le grand nombre de prétendants rend leur choix difficile et leur paraît s’apparenter à une loterie. Et comme à notre époque où l’individualisme est roi et les EGO démesurés, il y a pléthore de candidats, ça s’annonce plutôt mal… sauf s’il y a un sursaut des électeurs inscrits, ce qui n’avait pas été le cas en 2022 où les ¾ des électeurs inscrits avaient boudé les urnes au 1er tour où s’affrontaient, il est vrai, 59 candidats! Pour ces législatives inattendues imposées par la dissolution surprise de l’Assemblée nationale, 41 candidatures ont été validées par la préfecture, 18 de moins certes qu’en 2022 mais néanmoins trop pour mobiliser l’électorat, sauf peut-être dans la C4. Les députés élus en 2022 se représentent. On dénombre 11 prétendants aux sièges du Palais Bourbon dans la C1 (celle du député Olivier Serva), 12 dans la C2 (celle de Christian Baptiste), 12 dans la C3 (celle de Max Mathiasin) et 6 dans la C4 (celle d’Elie Califer). Deux candidatures surprennent particulièrement et peuvent apparaître quelque peu fantaisistes pour ne pas dire incongrues en l’absence de liens véritables avec l’archipel : celles de l’humoriste Dieudonné dans la C1 et du chanteur Francis Lalanne dans la C3.
La bataille sera plus ou moins rude selon les circonscriptions. Elle promet d’être singulièrement compliquée dans la C3 pour Max Mathiasin si Rody Tolassy, candidat du RN, qui l’avait devancé au 1er tour en 2022 renouvelle son exploit.
Les trop rares électeurs qui ont voté (13,25% des inscrits !) pour l’élection des eurodéputés le 8 juin dernier ont placé en tête la liste du Rassemblement national dont le score a été plus important que ceux cumulés de LFI et du PS Place publique. Ce résultat aurait-il été le même si les électeurs s’étaient massivement mobilisés ? Il serait hasardeux de le prétendre et, pour ma part, je ne le crois pas. Au 1er tour des législatives de 2022, l’abstention avait atteint entre 73,89% (dans la C3) et 75,04 (dans la C4).
Si, d’élection en élection, l’abstention a gagné du terrain, les électeurs exprimant ainsi leur ras-le-bol en même temps que leur doute sur l’utilité du vote et leur défiance vis-à-vis des partis politiques et des candidats eux-mêmes et plus encore vis-à-vis des programmes de campagne, qui n’engagent, c’est bien connu, que ceux qui les croient, il est à espérer que le contexte particulier du renouvellement de l’Assemblée nationale imposé par la dissolution décidée par Jupiter le 9 juin après le coup de tonnerre des résultats de l’élection des euro-députés inversera cette tendance pernicieuse et convaincra les citoyens de la nécessité de jouer leur rôle en allant voter massivement le 29 juin prochain et, partout où il y aura un second tour, le 6 juillet.