L’élection des députés se fait au suffrage UNIVERSEL au scrutin uninominal majoritaire à 2 tours. Les électeurs de la Guadeloupe ont élu samedi dernier, au second tour, les 4 députés qui la représentent désormais pour 5 ans à l’Assemblée Nationale : Olivier SERVA, Christian BAPTISTE, Max MATHIASIN et Elie CALIFER. L’abstention a atteint 71,77% soit 2,42 points de plus qu’en 2017. Jamais députés n’ont été élus par aussi peu d’électeurs et il n’y a jamais eu autant de bulletins blancs et nuls.
Evoquer un taux global d’abstention est sans grande signification dans la mesure où cette moyenne masque des situations assez contrastées. Il paraît ainsi pertinent de dresser un tableau au niveau départemental. Le palmarès n’est pas brillant. Jugez vous-mêmes.
Le 1er PRIX pour le taux de participation (TP) revient à Deshaies, commune de la 3ème Circonscription (C) où 40,02% des électeurs inscrits ont voté. Partout ailleurs, le TP est inférieur à 40%.
Les 2ème et 3ème PRIX reviennent à 2 communes de la 2ème C, Sainte-Anne et Le Moule avec tes TP respectifs de 38,54% et de 35,38%.
Tout en bas du classement des 32 communes de la Guadeloupe, figurent celles où moins de 1 électeur inscrit sur 5 a participé au scrutin : Terre-de-Haut (TP 11,17%), Capesterre (14,86%), Bouillante (15,59%), Gourbeyre (16,33%), Terre-de-Bas (16,65%), Vieux-Fort (17,54%), Trois-Rivières (17,76%), Basse-Terre (18,25%). Ces 7 communes appartiennent sans exception à la 4ème C, celle dont l’unique candidat a été élu à 100% des suffrages exprimés.
Un coup d’œil sur chacune des circonscriptions donne une idée de la mobilisation des électeurs.
Dans la 1ere C, où celui qui fut élu député sous la bannière de LAREM, Olivier Serva, briguant sa réélection en étant adoubé par la NUPES, avait un adversaire DVG comme lui, Dominique Biras, c’est aux Abymes (TP 32,84%) et à Capesterre-de-MG (TP 32,32%) qu’on a le plus voté et c’est à Grand-Bourg de MG (TP 24, 75%) et à Morne-à-l’Eau (TP 25,97%) qu’on a le plus déserté les urnes. La participation est ici relativement homogène. Mais le vote blanc et nul par lequel l’électeur renvoie dos à dos les 2 candidats se situe entre 5,17% (Abymes et Capesterre de MG) et 9,60% (Pointe-à-Pitre).
Dans la 2éme C où Christian Baptiste affrontait Justine Bénin, secrétaire d’Etat à la mer, le TP est aussi assez homogène, entre 30% (dans 4 des 8 communes) et 24,30% (à la Désirade). Le vote blanc et nul va de 5,54% (Anse-Bertrand) à 7,45% (Port-Louis) et même à 7,46% (Petit-Canal).
Dans la 3ème C, où Max Mathiasin, adoubé par la NUPES s’opposait à Rody Tolassy, candidat du RN, l’importance de l’enjeu n’a pas poussé les électeurs à se précipiter dans les isoloirs. Si on excepte Deshaies (40,04%) et Sainte-Rose (33,98%) dans les 6 autres, les TP vont de 25,36% (Goyave) à 29,72% (Petit-Bourg). Quant aux votes blancs et nuls, sauf à Deshaies et à Sainte-Rose, ils dépassent partout 6% et culminent à 7,87% à Baie-Mahault.
Dans la 4ème C, le TP n’atteint 25% que dans une commune, Saint-Claude où il s’établit à 28,15%. Ce coup sévère porté à la démocratie, au suffrage universel chèrement conquis et à la citoyenneté s’explique sans doute en grande partie par le fait qu’Elie Califer, suite à l’abandon de Marie-Luce Penchard entre les 2 tours, n’avait besoin que d’une voix pour être élu. Ce n’était pas très incitatif pour les électeurs…Mais s’ils ont peu voté, ils ont, bien davantage que dans les autres circonscriptions, mis dans l’urne un bulletin blanc ou nul. Les votes blancs et nuls dépassent 13% dans 8 des 11 communes et ils atteignent 17,88% à Capesterre et 19,14% à Trois-Rivières.
Olivier Serva a recueilli 15624 voix des 75977 électeurs inscrits, Christian Baptiste 15484 des 87777, Max Mathiasin 12402 des 84349 et Elie Califer 10633 des 68261. Ils ont indiscutablement gagné l’élection mais leur victoire est fragilisée pour ne pas dire ternie par l’énormité de l’abstention et par la progression des votes blancs et nuls. Abstention, votes blancs et nuls ont un sens. Quel rôle aura joué le COVID et l’obligation vaccinale dans ces élections ? A vouloir gagner les voix de ceux qui refusent de se soumettre à la loi, on risque de perdre celles de ceux qui la respectent. Qu’adviendra-t-il des promesses d’abroger cette loi et de réintégrer les personnels suspendus si la crise sanitaire connaît un rebond durable ? Y aura-t-il une majorité pour abroger cette loi ?