La loi du 8 mars 2024 qui a fait entrer dans la Constitution, à l’article 34 énumérant les matières relevant de la loi, les conditions dans lesquelles s’exerce la liberté de la femme de recourir à l’IVG, a été adoptée par le Parlement réuni en Congrès à une très forte majorité de 780 voix. Sur les 48 élus d’Outre-mer, 2 seulement ont voté contre et 1 s’est abstenu. L’enthousiasme des 4 députés et des 3 sénateurs de la Guadeloupe pour le projet a été sans faille, aucun n’a voté contre ou s’est abstenu. L’avenir dira si le sacre de l’IVG restera symbolique ou s’il aura pour effet de banaliser et de multiplier sa pratique. Pour l’heure, il n’est pas inutile de s’interroger sur l’évolution des chiffres de l’VG et des naissances.
Au plan national
Selon les données de la DREES, 243600 IVG ont été pratiquées en 2023. C’est 8600 de plus que l’année précédente. Cette augmentation a peut-être un lien avec l’allongement du délai de pratique de l’IVG instrumentale ( appelée aussi IVG chirurgicale) porté de 12 à 14 semaines de grossesse par la loi de mars 2022 visant à renforcer le droit à l’avortement. Mais cette explication ne peut être que partielle dès lors que le délai de 7 semaines de grossesse concernant la pratique de l’IVG médicamenteuse n’a pas été modifié et que la part des IVG médicamenteuses est prépondérante (79%). Entre 2022 et 2023, Le taux de recours à l’IVG pour 1000 femmes âgées de 15 à 49 ans est passé de 15,7 à 16,8 et cette progression se produit dans un contexte de diminution des naissances.
Le nombre des naissances, 677800, en 2023, est en diminution de 48200 par rapport à 2022 et de 150200 par rapport à 2010. C’est le record absolu depuis la fin du baby boom ! En 2010, la France enregistrait 828000 naissances Depuis 2010, elles ont baissé de 19,8%. Le rapport entre les IVG et les naissances est maintenant de l’ordre de 1 à 3.
En Guadeloupe
En 2023, 3293 IVG ont été pratiquées. Le taux de recours à l’IVG est de 41,5 pour 1000 femmes âgées de 15 à 49 ans. C’est presque 3 fois plus que le taux national ! Si la Guyane détient le record des OM avec un taux de 48,9, la Guadeloupe se classe 2ème ; le taux de recours à l’IVG est de 33,1 en Martinique, de 25,4 à la Réunion et de 15,44 à Mayotte.
La chute des naissances en Guadeloupe, est une autre réalité. En 2023, leur nombre est tombé à 4060 ; il était de 5341 en 2010 et de 6664 en 2000. Et si le nombre des naissances excède encore celui des IVG, l’écart n’est plus que de 20%. Il ne peut être exclu qu’il y ait bientôt autant d’IVG que de naissances… C’est de tous les DROM, en Guadeloupe que cet écart est le plus faible Dans l’île sœur, il est de 50% ;le rapport entre les IVG et les naissances est de 1 à 2 en Guyane, 1 à 2,5 à la Réunion et de 1 à 6 à Mayotte.
La Guadeloupe occupe à cet égard une place singulière qui mérite une sérieuse réflexion.