Des raisons d’espérer

Et de méditer sur l’inégalité entre les sexes

En ce qui concerne le grand âge

Les temps sont durs, si l’épidémie de COVID s’est éloignée, les perspectives ne sont pas pour autant réjouissantes. Les tensions internationales, les changements climatiques et sociétaux, les atteintes à la qualité de l’environnement et leurs répercussions sur la santé, les complotismes alimentés par les réseaux sociaux, les interrogations que suscite l’état des finances de la France, sans compter les préoccupations contingentes induites dans l’archipel par la cherté du caddy en supermarché, les coupures d’eau et, récemment, d’électricité, tout cela nourrit le sentiment que la fin de l’Etat providence approche, que demain sera plus difficile à vivre qu’hier, que les nouvelles générations connaîtront un déclassement social, que rien ne va plus.

Tout ne va pourtant pas si mal si on considère la progression de l’espérance de vie et l’augmentation de la part des centenaires dans la population comme un indicateur pertinent d’un progrès pour le genre humain.

  L’espérance de vie à la naissance, donnée qui ne peut raisonnablement être regardée comme le fruit du hasard, a sensiblement progressé. Selon l’INSEE, elle a atteint en France (entière)  85,7 ans pour les femmes (F) et  80 ans pour les hommes (H) en 2023. En 2022, avec une espérance de vie de 85,1 (F) et 79,3 ans (H), la France dépassait la moyenne de l’Union Européenne, à savoir  83,4 ans (F) et 78 ans (H) ; très précisément, la France occupe la 2ème place pour les F, juste derrière l’Espagne (85,9 ans) et la 10ème place pour les H. 

En Guadeloupe, l’espérance de vie à la naissance est encore sensiblement inférieure aux données nationales et ce pour les deux sexes. Elle est en effet en 2022 de 83,5 pour les F  et de 76,2 ans pour les H. Ces chiffres sont au demeurant du même ordre en Martinique (82,8 et 76,5 ans). L’écart entre les chiffres de la Guadeloupe et la moyenne nationale reste sensible (-1,6 ans pour les F et -3,1 ans pour les H) mais s’est tout de même réduit au fil du temps.

Mais le fait le plus saisissant est sans aucun doute l’augmentation du nombre des  centenaires et supercentenaires (personnes ayant 110 ans ou plus). En 1950,la Franceen comptait 200, leur nombre est passé à 8161 en 2000 (une multiplication par 40  !) et atteint maintenant 31644 individus. La France est le pays de l’UE qui compte le ratio le plus élevé de personnes ayant 100 ans ou plus en 2020 pour 1000 personnes ayant 60 ans en 1980 ; ce ratio est de 20/1000 ; l’Espagne se situe juste après avec 15/1000 tandis que la République tchèque et la Hongrie sont en queue de peloton avec seulement 5/1000. Si les projections de l’INED se réalisent, la France comptera 54211 centenaires en 2030, 75997 en 2040 et 125705 en 2050. En ce domaine, l’inégalité entre les F et les H au détriment de ces derniers est flagrante : 86% des centenaires sont des F.

Plus surprenante encore, et d’autant plus inattendue que l’espérance de vie à la naissance y est inférieure à la moyenne nationale, est la surreprésentation des guadeloupéens et martiniquais dans la catégorie rarissime des supercentenaires. Sur les 373 décès de supercentenaires qui se sont produits entre 1978 et 2022, 32 (soit presque 10%)  étaient des domiens et 29 d’entre eux étaient de Guadeloupe et de Martinique. L’inégalité entre les sexes est par ailleurs encore plus frappante chez les supercentenaires : 38 des 39 supercentenaires vivant en France en 2022 étaient des femmes.

Voilà bien un domaine où les femmes prennent leur revanche et battent les hommes à plate couture…

Danièle DEVILLERS         

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