Des Guadeloupéens tuent des Guadeloupéens ! Et l’hécatombe continue.

Les armes ont de nouveau parlé la semaine dernière en Guadeloupe. Il ne se passe plus un week-end sans entendre une fusillade par ci, des tirs par là. Un enfant de 4 ans, victime collatérale, a reçu plusieurs balles. Dieu merci, le petit a survécu. Une sortie de soirée aux Abymes dégénère. Un couteau est sorti. Un révolver lui répond. Un mort. Puis à Sainte-Rose, c’est un vol de bijoux qui part en sucette. Un proche de la victime tente de récupérer le bien et se prend une balle dans le bas-ventre, avec des séquelles handicapantes. Et, tout cela en moins d’une semaine.

Dans les années quatre-vingt, il suffisait de quelques accessoires pour être bien « sapés » pour aller en soirée. Aujourd’hui, certains s’arment et pas légèrement pour aller danser. Un poignard, un Gun, quand ce n’est pas le fusil à pompe dans la voiture voire une mitraillette comme on l’a vu l’année dernière à Jarry.

Les autorités semblent dépassées et avouent même leur impuissance. Le mal est complexe. Les policiers et les gendarmes sont désormais confrontés à cette prolifération d’armes et notamment d’armes à feu. Le passage à l’acte violent est d’autant plus facile lorsque l’on détient une arme qui donne ce sentiment de toute-puissance. Et quand les armes sont faciles à trouver, pour quelques centaines d’euros, tout peut aller très vite. Fini les bagarres à coups de poing ou à kout woch. C’est ce qu’a déclaré le tireur de Sainte-Rose : « J’ai tiré quand j’étais plus jeune, aujourd’hui ce n’est plus un problème ».

Si la majorité des cas se déroulent dans le pôle Saléen des Abymes à Sainte-Rose, d’autres communes comme Capesterre B-E sont souvent le siège d’agressions à main armée. Et le phénomène se diffuse dans tout le territoire.

Il y a encore quelques années, les armes qui servaient à commettre des homicides étaient pour la plupart des armes de chasse détenues dans les familles. Ce qui avait conduit les autorités à lancer les campagnes « déposons les armes » afin de récupérer celles qui n’étant plus utilisées pour chasser, auraient néanmoins pu servir à commettre l’irréparable. Bien sûr, le but de ces campagnes n’a jamais vraiment été de désarmer les gangsters et autres criminels, mais plutôt de limiter l’accès à des armes au commun des mortels. Il ne faut pas croire aux contes de fées.

Aujourd’hui, c’est sûr, nous payons le prix du laxisme des années précédentes. On le sait. Car toutes ces armes rentrent sur notre territoire par les mêmes circuits que la drogue. Et cela s’est massivement renforcé au cours des années récentes.

De la même façon qu’aucune mesure drastique de contrôle des eaux territoriales, de l’arrivée quasi quotidienne des go-fast sur nos plages n’a été prise, de la même manière les armes rentraient en toute impunité jusqu’à inonder tout notre archipel.

La façon dont a été géré le trafic de stupéfiants aux Antilles laisse perplexe. Et c’est ce même phénomène qui se produit dans l’Hexagone avec la prolifération de trafics de drogue même dans les petites villes, selon les mêmes méthodes. L’ancien commandant des forces armées aux Antilles basé en Martinique n’avait-il pas déclaré en 2021 que les Antilles étaient des passoires. Eh bien je vous l’annonce : elles le sont toujours !

Il y a certainement une sous-évaluation de la capacité des cartels à envahir un marché comme celui de l’Europe. Les cartels actuels disposent de moyens financiers, logistiques, de réseaux, et surtout de stratégies autrement plus importants et perfectionnés qu’autrefois. Il faut bien se dire que Pablo ESCOBAR à côté n’était qu’un petit artisan. Par conséquent, l’État qui n’a pas pris la mesure du problème en temps et en heure, se trouve dépassé même en France. Nous ne cédons jamais au pessimisme. Mais la politique de l’autruche a ses limites. Il faut y mettre d’autres moyens, d’autres stratégies pour enrayer le phénomène avan tro ta baré nou. On peut encore limiter la casse en Guadeloupe, petit territoire isolé, puisque après tout, la Guadeloupe ne fabrique pas d’armes.

Couper les sources, s’attacher à assécher le marché local des armes, ce sont les premières mesures à appliquer par l’État qui seul en a les moyens. Sinon, nous continuerons de semaine en semaine à compter les morts et les blessés et se larmoyer sur nos si jeunes tireurs.

Jean-Claude RODES

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