Le 15e sommet des BRICS se tient du 22 au 24 août 2023 à Johannesburg en Afrique du Sud avec la participation de plus de 40 chefs d’État. Cette édition dans le contexte international actuel donne à réfléchir sur la nouvelle géopolitique mondiale.
Je devrais d’ailleurs dire « Les nouvelles donnes » tant les relations internationales sont devenues multipolaires. Pour rappel, BRICS est un acronyme anglais pour désigner un groupe de cinq pays qui se réunissent depuis 2011 en sommets annuels : Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud (en anglais South Africa).
À eux cinq, les pays composant les BRICS contribuent à la moitié de la croissance mondiale, cumule 23 % du PIB du monde, 18 % des échanges mondiaux et 42 % de la population de la planète.
Ils ont également attiré de nombreux pays en développement à travers le modèle de coopération formant ainsi « BRICS Plus » afin de promouvoir la réforme de la gouvernance mondiale vers un système plus stable, plus sûr, plus équilibré et plus durable.
Est-ce un danger pour le camp occidental ? Car ce 15e sommet, outre le fait d’avoir rassemblé 40 pays se fixe pour objectif de créer à terme une nouvelle monnaie adossée à l’or et capable de concurrencer le dollar.
On sait déjà que certains pays comme le Brésil multiplient les transactions avec la Chine directement en YUAN et en REAL sans passer par le dollar.
Et si tous ces pays qui regorgent de matières premières se mettaient à échanger dans une nouvelle monnaie, cela pourrait profondément affecter le système monétaire international.
Au moment où les cartes sont redistribuées au Sahel et plus généralement en Afrique, ce sommet des BRICS a adopté pour thème « Les BRICS et l’Afrique ».
Comme pour montrer que l’Afrique est devenue l’enjeu et l’incontournable partenaire du siècle.
Ainsi la Nouvelle Banque de Développement (NBD) créée par les BRICS en 2014 a engagé 30 milliards de dollars en infrastructures, se posant en alternative au FMI ou à la Banque mondiale.
Comme on le voit, une nouvelle carte du monde se dessine sous nos yeux, où il n’y a pas que le climat qui se rebiffe face à la mauvaise gouvernance des hommes.
Dans cette dynamique historique de changement climatique et des équilibres nouveaux, les pays grands ou petits, se doivent de mettre à jour leur logiciel. Dès lors, il n’y a de rien surprenant ni de scandaleux que les intérêts des uns et des autres appartenant à la fois soit au G7, G8, G20 au conseil de sécurité de l’ONU, voire à l’Union Européenne, ou à l’OTAN sont si divergents.
Nous ne cessons de le dire. Les affaires du monde sont aussi nos affaires. La Guadeloupe est dans le monde. Et les crises qui traversent la France, la contagion de l’extrême droite en Europe et les mutations du monde ont inéluctablement des répercussions sur notre quotidien.
L’intelligence commande donc d’analyser la marche du monde, de la planète, tout en nous occupant de notre Guadeloupe. Notre seul arrière-pays et le plus sûr ! Et ce d’autant que nous sommes confrontés à un monde de plus en plus égoïste, avec des hégémonismes nouveaux. Il est heureux que de plus en plus de pays émergeant se refusent d’être comme par le passé, la créature, la chasse gardée d’aucun bloc, d’aucune idéologie, ou religion et même d’une zone monétaire.
Mais comment peut-il en être autrement quand en matière de géopolitique, seuls semblent primer les intérêts nationaux, et ambitions de ceux qui par leur économie, leur puissance militaire et technologique pèsent sur le destin de la planète.
Ce sommet élargi des BRICS est la parfaite illustration que les États agissent désormais en fonction de leurs intérêts du moment et de la situation conjoncturelle.
La position de la Chine et de l’Afrique du Sud vis-à-vis de la Russie de Poutine est antagonique mais les deux pays ont d’autres intérêts à la fois communs et divergents de ceux des USA ou de l’Europe.
Dans ce monde multipolaire et interdépendant nous gagnerons, nous Guadeloupéens, à être capitaine de notre navire, maître de notre destin. Ce n’est point faire injure à la France que d’exiger le respect vis-à-vis de notre population, de vouloir établir un partenariat gagnant-gagnant et la valorisation de nos talents.
Pas de condescendance mais une détermination commune à relever les défis. Est-ce encore acceptable ce taux de chômage démesuré, les pénuries d’eau récurrentes dans l’île aux belles eaux, cette dépendance énergétique au pays du soleil, du vent et de la géothermie ? Peut-on continuer à subir les diktats venus de Paris sans pouvoir en rien leur opposer une quelconque résistance à des décisions jugées contre productives pour notre territoire, notre population, notre avenir.
Il y a 86 ans Félix Eboué disait que « Jouer le jeu, c’est piétiner les préjugés et apprendre à baser l’échelle des valeurs sur les critères de l’esprit ».
Alors jouons le jeu maintenant. Et avec l’âme chevillée au corps, le nôtre !
RJC
