2023 est là. Et comme de coutume, c’est le moment de souhaiter les vœux et de prendre de bonnes résolutions. Mais avec lucidité, pragmatisme et optimisme. Bien évidemment à titre personnel, on espère avoir une bonne santé, réussir dans tout ce que l’on entreprend, nager dans le bonheur en amour et l’un n’empêchant pas l’autre gagner un peu plus d’argent.
À titre collectif, les difficultés que nous connaissons en Guadeloupe sont toujours d’actualité et nous ne trouvons pas les moyens de les résoudre. C’est à croire que nous sommes dans une boucle sans fin. En premier lieu, la question de l’eau. Le ministre CARENCO a déclaré lors de son passage en Guadeloupe après la tempête Fiona, qu’il ne s’agissait pas d’un problème d’argent. Pour autant depuis le plan d’urgence mis en place sous l’égide du préfet GUSTIN en juillet 2018 (qui devait permettre de supprimer les tours d’eau en deux ans), les foyers Guadeloupéens qui subissent des pénuries et des coupures sont toujours aussi nombreux. Il suffit pour s’en convaincre de lire les communiqués du nouveau syndicat des eaux. Toutes les prévisions financières pour parvenir à rénover complètement les usines, les réseaux de distributions, les milliers de compteurs et bien sûr la gestion calamiteuse, voire scandaleuse de la facturation, tournent autour du milliard d’euros. Et ce, uniquement pour l’eau potable. On n’imagine même pas ce que représente la mise aux normes de l’assainissement public et privé qui sont depuis longtemps hors contrôle. Cela ferait bien deux ou trois milliards étalés sur une dizaine d’années, si l’on parvient évidemment à mettre en état de marche le syndicat des eaux pour une véritable efficacité.
Sortir de cette situation Kafkaïenne est un impératif. Car elle donnerait une vraie bouffée d’air non seulement aux foyers Guadeloupéens mais également aux entreprises qui sont contraintes d’investir dans des systèmes de stockage d’eau de pluie ou d’eau potable. Un comble pour l’île aux belles eaux. En second lieu, le problème des sargasses. Au moment où j’écris ces lignes, la Guadeloupe (et c’est le cas de toute la Caraïbe depuis la Barbade au Sud jusqu’au Mexique au nord) subit une nouvelle vague de sargasses. Depuis la tenue en Guadeloupe du sommet international sur les sargasses en octobre 2019 en présence du président Macron, aucune solution n’a abouti tant sur le problème du ramassage, que du stockage ou encore du traitement. Quelques solutions partielles existent mais ne peuvent être généralisées. Est-ce faute de moyens consacrés à la recherche ? Est-ce, et c’est là ma conviction, un manque de coordination internationale ? Il n’empêche que certaines communes de la Guadeloupe n’en peuvent plus de voir leur activité touristique réduite à la peau de chagrin. Tout investissement dans les zones régulièrement impactées est annulé. Le sujet de la chlordécone est encore bien d’actualité.
Si sur la question du traitement des conséquences de cet empoissonnement, on peut dire que l’État a fait des efforts en mettant 100 millions sur quatre ans, la question de la recherche des responsabilités est par contre mise sous l’éteignoir. Autant, d’un côté, on accélère les recherches pour dépolluer les zones contaminées, trouver des méthodes pour continuer à exploiter les terrains, pour faciliter la reconversion des producteurs, des pêcheurs et des autres métiers, de mettre en œuvre la détection systématique de la chlordécone. Autant de l’autre côté c’est la bouteille à encre. Tout est fait — et depuis le début — pour mettre sous cloche les enquêtes et les investigations judiciaires pour rechercher et sanctionner les véritables pollueurs. Et ce d’autant qu’ils ont profité de la vente de ce produit interdit depuis 1993. Idem pour ceux qui ont permis en connaissance de cause la prorogation des autorisations de mise en vente de la chlordécone. La question de la gestion de déchets est, et demeure, également d’actualité. Là également des efforts sont faits notamment pour la mise à disposition des usagers par la Région de déchetteries sur tout le territoire. Comme toute prise de conscience, cela prend sûrement trop de temps. Mais les choses avancent. Cependant, le traitement final des déchets demeure. Et peut-on toujours accorder du temps au temps quand des urgences devenues vitales, commandent ? Et quand l’on sait que les normes européennes sont de plus en plus strictes en matière de déchets, on se demande bien quand parviendrons-nous à respecter ces normes afin que la Guadeloupe soit véritablement propre et belle. Autre question, liée aussi à l’environnement, celle des transports. Ce sujet, une vraie patate chaude, a été transféré au Département, aux EPCI puis à la Région. Cette dernière a récemment mis en place un système de transport collectif interurbain. Il est encore trop tôt, pour juger de son efficacité. Il n’empêche que si l’on veut véritablement réduire l’impact carboné des véhicules individuels sur l’environnement, il faut impérativement un système de transport collectif qui réponde aux besoins des usagers tant sur le plan professionnel que pour les activités de loisir ou familiaux.
Les défis comme les problèmes récurrents sont si nombreux. Mais là où il y a une volonté, il y a toujours un chemin. Voilà un panorama de vœux plausibles mais surtout possibles pour 2023. Puissions-nous, ensemble, y parvenir. Car si la responsabilité si c’est toujours quelqu’un, l’action doit être collective. Oui en 2023, débarrassons le pays de ces fils à la patte qui divisent, qui plombent notre économie et le bien-être de la population. Et surtout notre capacité à faire ensemble pour réussir ensemble.
Rodes Jean-Claude