Nous avons perdu beaucoup de temps sur ces trente dernières années en palabres politiciennes.

Lorsque le vieux monde se transforme, seuls ceux qui sauront anticiper sortiront gagnants de cette mue civilisationnelle. Tant il vrai que gouverner c’est prévoir.  Mettons-nous en mémoire cette mise en garde de Jacques Chirac, devant l’assemblée plénière du IV Sommet de la Terre le 2 septembre 2002 à Johannesburg, en Afrique du Sud : « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs» !

Nous sommes, sans peut-être nous en rendre compte à un moment charnière de notre histoire. Un peu comme ce qui se passait, il y a un siècle entre les deux guerres mondiales. La guerre en Ukraine, n’est sans doute qu’un symptôme, de ces changements à l’œuvre. Au moment où l’on entrevoit, où l’on mesure concrètement les premiers effets du changement climatique, avec les prévisions cataclysmiques des climatologues, on touche également du doigt les évolutions majeures dans les nouvelles technologies. Celles liées aux nouvelles énergies comme la fusion nucléaire, celles liées aux intelligences artificielles, mais surtout celles liées aux biotechnologies notamment en matière de médecine.

Dans ce monde qui se transforme de manière accélérée, on se rend bien compte, et les dirigeants du monde les premiers, que les erreurs ou l’inaction passées se payent déjà de manière concrète et palpable. Les choix faits en matière d’énergie il y a 25 ans peuvent aujourd’hui mettre à genoux un pays jadis prospère. De même, alors qu’on prévoyait un monde de paix, de coopération, de spiritualité au XXIe siècle, on se rend compte que nous n’avons jamais été aussi proches d’une guerre mondiale ou de conflits entre grands pays qui mettent en péril notre survie à tous.

Le discours alarmiste voire catastrophique du président Emmanuel MACRON n’est pas anodin. Ésotérique au possible, ce discours annonce bien la « fin de l’abondance ». Pas seulement l’abondance de biens, d’énergie, d’eau, de produits alimentaires, mais aussi de relations humaines. Ces pénuries annoncées, que la première ministre Élisabeth BORNE a déjà traduites par des augmentations des prix de l’énergie à la fin de l’année, vont sans doute conduire, comme cela se voit déjà dans des pays pauvres et défavorisés, à des émeutes, des troubles sociaux, voire à une déstabilisation des régimes politiques.

Le manque d’anticipation des politiques — ou leur inaction — provoque aujourd’hui des conséquences qu’on ne peut plus contrôler.  Nous naviguons entre certitude et incertitude. D’où des décisions paniques et irrationnelles car il arrive un moment où l’on ne peut plus revenir en arrière. Le point de non-retour.

En Guadeloupe aussi, nous subissons tous les jours le manque d’anticipation. Je ne voudrais pas de nouveau évoquer l’immense problème de la gestion de l’eau qui ressemble de plus en plus à un casse-tête chinois, une situation kafkaïenne qui peut d’un jour à l’autre provoquer une déflagration sociale. Faute de s’être concentré sur l’essentiel et les urgences, c’est-à-dire de satisfaire les besoins primaires du pays en matière de transport, de gestion de déchets, de santé et d’infrastructure de base, on arrive aujourd’hui à ressembler à un canot ivre, un bateau sans capitaine car sans vision à moyen terme et sans planification des actions et des objectifs à atteindre dans 20 ans. On l’a vu dans la gestion de la production électrique où les objectifs d’autonomie reculent d’année en année alors que le potentiel est bel et bien là en géothermie, en éolien et en solaire. C’est également le cas pour l’irrigation, alors que la Guadeloupe est bénie des dieux en matière de pluviométrie, nous avons accumulé de grands retards dans la construction de retenues d’eau sur tout le territoire. Conséquence directe de cette imprévision, les agriculteurs sont en stress hydrique, les animaux d’élevage meurent de soif à chaque période de carême.

Nous avons perdu beaucoup de temps sur ces trente dernières années en palabres politiciennes. Nous nous sommes perdus dans les arcanes d’un mille-feuille administratif sources de complexité donc d’inaction. Mais le pire, c’est que loin d’en voir le bout, nous nous embourbons de jour en jour dans cette léthargie sans fin.

Il n’y a pas une semaine sans que l’on ne crée un comité, une commission, un groupe de travail pour faire des propositions. Mais à quand l’évaluation ?

Nous avons ici l’habitude de prendre en exemple le bilan de l’unique mandature de Félix PROTO à la Région. Ce qui fait la différence c’est que la Région à l’époque, bien que disposant de moyens financiers importants, fût une petite structure agile, réactive, bien loin du mastodonte qu’elle est devenue au fil des ans. La seconde différence de taille est que le président PROTO n’était pas un politicien de nature et s’est attaché à construire la Guadeloupe d’abord. Désenclavement de la Côte sous le vent, liaison port/aéroport, déviations de la RN1, déconcentration des lycées, aménagement du territoire dans sa globalité. En un mot, ANTICIPATION !

RODES JEAN-CLAUDE

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