Nous sommes à neuf semaines du premier tour des élections présidentielles.

Les états-majors politiques se mettent progressivement en ordre de batailles. Depuis le 27 janvier dernier, le dépôt des parrainages d’élus au Conseil constitutionnel a débuté. Au 1er février, le Conseil n’avait reçu aucun parrainage d’élus de Guadeloupe. Et si pour la France, il ne reste qu’un seul candidat à se déclarer — l’actuel président sortant Emmanuel MACRON — en Guadeloupe la campagne a encore bien du mal à prendre corps dans les médias et dans l’opinion. Seule la fédération du parti socialiste fait déjà activement campagne pour sa candidate, Anne HIDALGO.

Mais la consultation populaire organisée dans les rangs de la gauche, et qui a mis en tête du scrutin Christiane TAUBIRA, vient perturber un peu plus la mobilisation. Beaucoup y voient une initiative partisane pour propulser l’ex ministre de la justice de Mitterrand. Car le faible score obtenu par Anne HIDALGO laisse planer le doute quant à sa capacité à rester dans la course jusqu’au bout. Cette consultation populaire organisée en dernière minute, n’est-ce pas le chant du cygne pour la candidate socialiste. Les militants pour l’instant restent imperturbables mais les sondages ne donnant pas le moindre signe de frétillement, il demeure incertain que cette candidature fasse long feu.

Les autres candidats de gauche et écologistes qui font déjà feu de tout bois en France pour tenter de créer une dynamique sont toujours inaudibles chez nous. Le candidat MELENCHON est venu, bien vacciné, en décembre dernier à la pêche aux voix mais ses relais en Guadeloupe semblent bien dans l’incapacité d’occuper le terrain et de faire connaître les idées pour la Guadeloupe du candidat LFI. Chez les écologistes la division voire l’émiettement est toujours de mise malgré la désignation d’un candidat unique en la personne de Yannick JADOT. Et cela se ressent sur les mouvements locaux entre Caraïbe Écologie les Verts et REV Guadeloupe qui pourrait capitaliser sur le récent succès électoral de son leader Harry DURIMEL, Maire de Pointe-à-Pitre.

Du côté de La République En Marche, malgré l’attente de l’annonce officielle de la candidature d’Emmanuel MACRON, les choses se préparent activement. Le président sortant a d’ailleurs déjà son siège de campagne, ses associations de militants et a déjà reçu bien plus de parrainages que tous les autres candidats. En Guadeloupe par contre, c’est La grande confusion et beaucoup d’interrogations. Ary CHALUS qui avait été désigné référent local de LREM a, depuis longtemps, pris ses distances. Et du côté d’Olivier SERVA, le congrès d’EKO Zabym du week-end dernier a laissé planer le doute. Le député pourtant estampillé LREM, a lui également pris ses distances du parti, comme tout récemment lors du vote sur le passe sanitaire puis du pass vaccinal, en passant outre la discipline du groupe parlementaire auquel il appartient toujours.

Du coup, c’est le GUSR, bien plus réaliste, qui demeure encore le plus proche du parti présidentiel. C’est à croire que le parti LREM a fait le vide autour de lui en Guadeloupe, alors qu’en 2017, c’est le seul territoire où il bénéficiait du soutien des principaux dirigeants politiques. Pour autant, il n’est pas dit que d’ici à la déclaration officielle que l’on n’assiste à l’émergence de nouveaux soutiens plus ou moins opportuniste. La nature, on le sait, a horreur du vide, d’autant qu’il y a toujours pléthore de candidats à la candidature ki vlé, yo osi, fè on kou dépité.

À droite, côté LR, cela fait maintenant quelques années que le parti est en chiraj. Lors des primaires de novembre dernier, Marie-Luce PENCHARD avait soutenu Xavier BERTRAND éliminé dès le premier tour. Tandis que Sonia PETRO, la déléguée LR en Guadeloupe, s’était très tôt mise du côté de Valérie PÉCRESSE. Mais cette frange de l’électorat qui compte pourtant une bonne part d’électeurs en Guadeloupe, demeure éparpillée et tiraillé entre les différents clans. Ce manque d’unité, malgré le soutien de Patrick Karam et d’autres guadeloupéens élus dans la région Île de France, pourrait bien nuire à la campagne de la candidate de la droite républicaine en Guadeloupe par manque d’appuis, de militants et de moyens.

Enfin à l’extrême droite, Eric ZEMOUR a désigné depuis le début de l’année le délégué Guadeloupe de son parti « reconquête » en la personne de Jean Martino. Il vient d’ailleurs de rallier à lui la députée européenne Maxette PIRBAKAS. Malgré tout, il faudra batailler dur pour prendre une part d’électeurs à son rival naturel, le « Rassemblement National » implanté depuis plus longtemps et qui peut se prévaloir de bons scores aux précédentes élections présidentielles et Européennes. Son représentant Rody TOLASSY ne manquera certainement pas de pointer les bévues commises par la députée européenne Maxette PIRBAKAS qu’il devait à chaque fois tenter de « rattraper » ces derniers mois.

Du côté des nationalistes Guadeloupéens, qui traditionnellement ne participent pas à ces élections, il faut noter que la transformation, ce week-end, de l’ANG en véritable parti politique augure d’une plus forte efficacité électorale. Bien que la priorité ne soit pas pour l’instant aux élections en France — dixit une de ses porte-parole — il sera, néanmoins, nécessaire pour ce nouveau parti de clarifier son mode de gouvernance aux fins d’identification pour la bonne compréhension du mouvement par l’électorat. Et de ces indispensables relais que sont les parlementaires. Wait and see donc, pour son positionnement même an ba fèy, aux législatives.

Rodes Jean-Claude.

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