Apres plusieurs années à la tête du service de cardiologie au CHBT, monsieur le maire, vous passez le relais, pourquoi ?
« Trop cumuler des responsabilités ce n’est jamais bien »
Cela va faire 33 ans que j’exerce comme cardiologue dans ce service de cardiologie et depuis de nombreuses années en tant que chef de service. Avec mes nouvelles fonctions en tant que maire de Basse-Terre, j’ai décidé de passer le relais, car trop cumuler des responsabilités ce n’est jamais bien. Et surtout ; il y a des compétences au sein du service pour assurer cette responsabilité.
NewsAntilles. Comment était ce service de cardiologie quand vous avez accédé à la chefferie ?
J’aimerais rendre tout d’abord un grand hommage au docteur Gerard Petit qui a été le premier chef de ce service et qui à l’époque était secondé par le docteur Joël Samuel. Ces 2 médecins ont beaucoup apporté à ce service. D’ailleurs j’ai tenu à ce que le P3S, Parcours Sportif de Santé Sécurisé installé au sein du centre de la Rééducation Cardiaque porte le nom de Gérard Petit. A une certaine époque nous nous sommes retrouvés à 3 voire 2 cardiologues pour faire tourner ce service. Une année durant les congés, faute de remplaçant, j’ai même été amené à assurer 21 astreintes d’affilée (ce qui actuellement est inconcevable). Ce service avait 25 lits, dont 6 lits de Soins Intensifs.
NewsAntilles. Et actuellement qu’en est-il de ce service ?
Actuellement la capacité est passée à 55 lits et places, dont 8 lits de soins intensifs et 4 lits de soins continus, et nous sommes 7 cardiologues. De nouvelles activités ont vu le jour, telle que l’Unité de Rééducation cardiaque de 20 lits et places, la seule structure de ce type en Guadeloupe et la seule Unité de Rééducation publique des Antilles-Guyane.
Nous avons aussi une Unité de Rythmologie/Stimulation de la Guadeloupe agréée par le ministère (la seule pour la Guadeloupe) : unité qui assure l’implantation de Pace Makers, de défibrillateurs et qui réalise des ablations de certains troubles du rythme.
D’autres activités et spécialités sont aussi réalisées dans ce service et ce pour toute la Guadeloupe : l’Ecole du Cœur, l’imagerie par IRM cardiaque et le coronaro scanner.
News Antilles : Vous êtes 7 cardiologues, est-ce que vous réalisez des opérations cardiaques ?
Les opérations du cœur sont réalisées en Martinique. Le service de chirurgie cardiaque est installé au CHU de Martinique et il dessert les Antilles-Guyane et aussi certains pays de la Caraïbe. Cependant je réalise l’implantation de Pace Makers et défibrillateurs. C’est une spécialité que j’ai développée dans ce service, et durant cette période d’exercice j’ai réalisé environ 3 500 PM implantations. Sur une certaine période j’ai été le seul médecin à réaliser ce type d’interventions, et une de mes grandes satisfactions est que le relais soit assuré par le docteur Isabelle Lagrenade qui va piloter cette spécialité pour la Guadeloupe, assistée de trois autres cardiologues.
NewsAntilles : Y a-t-il d’autres actions que vous avez portées pour l’amélioration de la santé de nos concitoyens?
Je citerais volontiers le projet de loi sur la qualité alimentaire en outre-mer (loi sucre) que j’ai travaillé avec les députés de l’époque Victorin Lurel et Hélène Vainqueur, ainsi que les P3S, Parcours Sportifs de Santé Sécurisées qui sont un projet qui a été labélisé PNNS, Plan National Nutrition Santé, mis en place par la région avec le soutien de l’ARS qui finance des éducateurs et professeurs d’activités adaptées, le tout étant coordonné par le réseau HTA-GWAD. Il y a aussi la création du Collège de Cardiologie de la Guadeloupe que nous avons mis en place, j’en’ ai été le secrétaire fondateur et le docteur Gérard Souriant le président.
NewsAntilles : Y a-t-il d’autres actions que vous considérez comme importantes pour la santé de nos populations et les moyens dont nous disposons en Guadeloupe sont-ils satisfaisants ?
Des progrès significatifs ont été réalisés concernant les équipements et structures hospitalières. Je profite pour remercier les tutelles (ministère de la santé et ARS). La reconstruction du CHUG sera une avancée fondamentale pour notre système de santé Cependant il reste des progrès à faire. Je finalise une « tribune » qui sera publiée très bientôt et qui propose sur 3 ans une véritable mise à niveau des équipements lourds et en lits de soins critiques. Et surtout je suis très impliqué en tant que vice-président de la Fédération Hospitalière de Guadeloupe aux côtés du président Elie Califer, de Gérard Cotellon et d’autres professionnels de santé et avec la FHF, Fédération Hospitalière de France dans la finalisation du Ségur Santé Outre-Mer. C’est une énorme satisfaction et reconnaissance de voir y figurer ce que nous sollicitions depuis tantôt, certains professionnels de santé, dont le docteur Michel Eynaud et moi-même, à savoir la révision du coefficient correcteur géographique hospitalier et la valorisation des MIG (Missions d’Intérêt Général) outre-mer
NewsAntilles : Rassurez – nous. Garderez – vous une activité en tant que cardiologue même à temps partiel. Et surtout continuerez-vous, malgré vos nouvelles fonctions politiques (actuel maire de Basse-Terre, et très vite des élections régionales et départementales dans lesquelles vous serez à coup sûr impliqué ?
Je resterai comme praticien contractuel une demi-journée par semaine. Et je souhaite poursuivre ma fonction de coordinateur médical du réseau HTA-GWAD. Gip-Raspeg. Je continuerai à m’impliquer dans la mise en place de la filière de cardiologie de la Guadeloupe et la coopération avec la Caraïbe en matière de cardiologie (si les autorités sont d’accord) car j’ai assuré la rédaction et le co-pilotage de ces projets. Et bien sûr je continue le travail de rédaction du Ségur Santé outre-mer.
NewsAntilles : Qui assurera le poste de chef de service de cardiologie du CHBT ?
Cette responsabilité sera assurée par le docteur Christine Machuron. Le docteur Christine Machuron est un excellent professionnel de santé, qui exerce dans ce service depuis plusieurs années et qui « connait la maison ». Elle assurera, j’en suis certain,cette fonction avec brio.