La démission de Jacques BANGOU intervient quelques jours après la note adressée au Premier Ministre par le préfet de région Guadeloupe Philippe GUSTIN, insistant sur la nécessité de poursuivre la procédure de révocation déjà engagée à l’encontre du maire de Pointe à Pitre, afin notamment de garantir la crédibilité de l’Etat et de son représentant dans le département. Ce plaidoyer dans lequel ce dernier prend le soin de préciser en filigrane – en s’appuyant sur des considérations politiques et en insistant sur le silence assez large de toute la classe politique locale – à quel point tous les acteurs du territoire ont admis que l’État puisse exercer cette forme d’autorité.
Venons-en au timing, alors même que les problématiques budgétaires sont connues de tous depuis fort longtemps, et ne sont pas circonscrite à la seule ville de Pointe à Pitre, l’Etat s’engage dans une procédure de révocation du maire à moins d’un an des échéances électorales… la démocratie n’a t’elle pas cela de fort, que le juge et celui qui sanctionne soit le peuple ? Pourquoi alors se substituer à ce dernier, lui retirant ce pouvoir ? Peut-être, le peuple de Guadeloupe est-il jugé inconséquent par l’Etat…
La démission de Jacques BANGOU intervient surtout moins d’un mois après un congrès des élus départementaux et régionaux, tenu sous la présidence de Madame Josette Borel-Lincertin, où les élus ont unanimement fait valoir une volonté de domicilier plus de pouvoir localement en prenant notamment plus de responsabilité.
Dès lors comment peut-on à la fois souhaiter plus de responsabilité pour nos décideurs locaux et en même temps – cette expression semblant être de circonstance – laisser faire, laisser agir un représentant de l’État – fut-il ancien élu Les Républicains (LR), candidat déchu aux dernières élections législatives ayant prêté allégeance à la majorité présidentielle – exercer avec autant de sectarisme sur ce territoire ?
Nos élus sont-ils vraiment prêts à cette domiciliation souhaitée et à ce surcroît de responsabilité ?
Dans un communiqué commun les élus socialistes, comme d’autres, pointent une décision éminemment politique. Si tel est le cas que serait-il advenu de Jacques BANGOU si ce dernier avait émargé à En Marche (EM) ?
Si la réponse à cette question trouve une issue différente du traitement actuel accordé par le préfet GUSTIN, alors il faudra se rendre à l’évidence que l’État français vive à nouveau des heures très sombres, dignes du très vieux monde, après l’amoncellement d’affaires qui ont émaillé les deux premières années du quinquennat du Président Macron, pourtant président du nouveau monde.
lObservateur97