En passant de 2017 à 2018, l’actualité autour du CHU reste toujours d’une grande inquiétude. Il faut dire que l’incendie qui a sinistré le Centre Hospitalier Universitaire a mis à nu toute la politique de santé de la Guadeloupe. Tous ceux qui échafaudaient des plans “comptables” autour de l’organisation de l’offre de soins se sont vus rappeler à l’ordre par le destin, qui comme nos vents terribles ne savent pas toujours lire, l’effroi qu’ils causent.
On savait évidemment que l’actuel CHU était vétuste. Mais la perspective de la construction d’un nouvel établissement aux Abymes à l’horizon 2020, n’avait guère incité à réaliser les indispensables travaux de réhabilitation et de mise aux normes constantes du principal établissement hospitalier de la Guadeloupe. Pire, toujours dans une optique purement comptable, tous les scénarios priorisant une concentration maximale de l’offre de soins au CHU étaient mis en avant. Fermeture de Marie-Galante, fermeture de la réanimation à Basse-Terre, rétrogradation de la maternité du CHBT etc…
Mais voilà, l’incendie de décembre a ouvert les yeux de la population et des élus sur la nécessaire prise en compte du caractère îlien de la Guadeloupe.
On n’est pas à Paris ni à Lyon où un tel incendie aurait été traité par le transfèrement des différentes unités dans les nombreux CHU avoisinants. De façon presque indolore, et cela n’aurait fait l’objet des titres de la presse que pendant le temps du transfert c’est-à-dire 48 heures. Ici, la réalité l’a démontré, il n’est pas possible de faire rentrer du grand dans du petit même avec le meilleur savoir-faire et la meilleure volonté au monde. Si on peut déplacer le personnel et du matériel, les structures, les réseaux et les conduites ne sont pas adaptés ni prévus pour cela.
Mais l’actualité du CHU ne s’arrête pas à l’incendie ni à ses conséquences sur le fonctionnement de l’hôpital de campagne (ESCRIM). Il s’avère que la construction du nouvel hôpital à Perrin Abymes fait l’objet de toutes les attentions et “convoitises”. Plus particulièrement sur les conditions de lancement des appels d’offres et sur les critères relatifs au droit européen. Tels que publié, l’appel d’offres ne permet aucunement aux entreprises locales de concourir à conditions égales.
Le paradoxe est d’ailleurs bien là. Alors que l’appel d’offres est conçu pour respecter le droit européen qui garantit un traitement égal à toutes les entreprises de l’Union ainsi qu’aux travailleurs détachés, il s’avère que son application tel que défini par la direction du CHU, pénalise les entreprises locales. Il eut pourtant été logique que les entreprises Guadeloupéennes soient favorisées en divisant le projet en lot plus petits. Au lieu de 3 lots, dont un seul ne regroupe pas moins de 28 corps de métiers, on aurait pu, on aurait dû, imposer des lots uniques pour les VRD, l’électricité ou la plomberie comme cela a été fait pour les terrassements réalisés par une entreprise Basse- Terrienne. Dans ce monde qui se dessèche si nous ne voulons pas mourir de soif, il nous faudra devenir source.
En imposant un minimum de chiffre d’affaires de 200 millions d’euros pour les entreprises soumissionnant, le maître d’ouvrage a bien marqué sa volonté d’écarter les entreprises locales. Alors que la crise économique sévit, là est le scandale. Aussi, la réunion à l’initiative de la Région réunissant les syndicats, le préfet, les collectivités devrait, espérons-le, conduire à la révision de cet appel d’offres quitte à retarder la décision de quelques mois. Mais n’était-il pas envisageable d’anticiper cette décision bien avant ? Gérer c’est prévoir dit le dicton. L’égalité et la justice ne sont pas l’uniformité. Maintenant que les dés sont jetés, il est toujours risqué juridiquement et politiquement d’annuler la partie et de rebattre les cartes. L’Etat comme la Région n’auraient jamais dû se trouver devant le fait accompli. Ce sont en effet les deux plus gros contributeurs de ce projet pour lequel aucun fond Européen ne sera mobilisé. C’est un comble. Pire une faute.
Rodes Jean-Claude