Progres Social

Avec la multiplication des actes de violences commises par armes à feu, la défiance et les projecteurs sont de nouveaux braqués sur les ressortissants de l’île voisine de la Dominique. Il faut dire que la quasi totalité des armes à feu en Guadeloupe provient  de deux sources : les armes de chasse le plus souvent volées chez les particuliers  et plus ou moins recyclées et les armes importées directement par les trafiquants de stupéfiants.

C’est un fait. La plupart d’entre elles proviennent ou transitent  par la Dominique. Par ailleurs lorsque des ressortissants Dominiquais sont impliqués dans des faits d’armes, des actes de violence, des crimes, il leur est très facile  pour échapper à la justice et aux forces de l’ordre de se  réfugier  dans leur pays d’origine.

Dès lors se pose de nouveau la sempiternelle question d’un traité d’extradition ou tout du moins de la formalisation de la coopération judiciaire et policière entre la France et la Dominique, puisqu’il s’agit d’affaires d’Etats. Déjà le 18 janvier 2007, Lucette MICHAUX-CHEVRY, alors sénatrice posait une question écrite à ce sujet au ministre des Affaires étrangères de la France. Dans sa réponse le ministre précisait “Il n’existe pas actuellement de convention d’extradition liant la France et la Dominique. La France est engagée dans une négociation avec les six Etats membres de l’Organisation des Etats de la Caraïbe orientale (OECS), à laquelle appartient la Dominique, en vue d’une convention d’entraide judiciaire en matière pénale et d’une convention d’extradition. En l’absence de convention, l’extradition peut toutefois être accordée au cas par cas. Elle est alors présentée par la voie diplomatique, sur la base de la courtoisie internationale et au titre de la réciprocité. Cependant, dans le cas évoqué, aucune extradition ne serait envisageable, même s’il existait une convention. Les Etats refusent en effet, en règle générale, d’extrader leurs ressortissants. C’est le cas de la France, qui exclut expressément, dans les conventions auxquelles elle est partie, l’extradition de ses nationaux” Tout est dit ou presque car rien depuis n’a changé. Et si plusieurs discussions, quelque fois à très haut niveau, ont effectivement  eu lieu entre la Dominique et la France sur ce sujet, on n’est toujours pas parvenu à surmonter cette difficulté.

Je me rappelle avoir assisté en 2006 à la signature d’une convention entre Roosevelt SKERITT tout jeune premier ministre de la Dominique et Nicolas SARKOZY alors ministre de l’Intérieur de la France. Il s’agissait d’accords bilatéraux de réadmission et de circulation qui permettaient par exemple aux Dominiquais d’entrer sans visas en Guadeloupe pour des séjours de moins de 15 jours. Ce qui était une excellente idée. Mais ces accords facilitaient également l’action des forces de l’ordre des deux pays pour interpeler et déférer les criminels.  Notons, qu’en  juin 2006, avait été créé un Comité de sécurité Franco-Dominiquais qui devait progressivement mettre à plat toutes les difficultés de coopération douanière, judiciaire et policière entre la Guadeloupe et la Dominique. 10 ans plus tard malgré les différentes réunions, malgré les séminaires de formation et d’information entre les services de sécurité des deux pays, la situation a peu évolué. La Dominique reste toujours une base arrière, une terre de prédilection, voire d’accueil,  pour tous les délinquants et criminels  voulant s’extraire de la justice. Si la France dispose d’une procédure simplifiée d’extradition avec ses partenaires européens, il en n’est pas de même avec l’île de la Dominique.  La Dominique  possède également une loi sur l’extradition, mais elle s’applique surtout avec les autres pays de l’OECS  et aussi des pays du Commonwealth qui reconnaissent comme juridiction suprême la Cour de Justice de Londres : « God save the Queen !

Vu l’impunité  dont bénéficient tous ces délinquants et criminels, est-il donc si compliqué de parvenir à un traité d’extradition et coopération judiciaire voire pénitentiaire avec la Dominique ? Une Dominique qui constitue un repère sûr, si loin de l’Hexagone et si proche de  notre archipel !

Pour la sécurité et la sûreté  des Guadeloupéens, pour l’harmonie entre les deux territoires, l’urgence commande de régler définitivement le cas de ces criminels, qui entrent chez nous, aussi facilement qu’ils en ressortent !

Il faut mettre un terme à ce laxisme des autorités, aussi bien françaises que dominiquaises.   D’autant qu’au cours des années 2000, on évoquait même la possibilité que les criminels jugés ici, aillent effectuer leur peine dans leur pays d’origine. Il n’est plus acceptable que les autorités de la Dominique ferment  les yeux aussi  jantiman sur  ces trafics et ces délinquants qui ternissent sa propre image et celle des honnêtes travailleurs Dominiquais installés chez nous. La piraterie et les forbans c’est du passé ! 

 Mais que dire aussi de ces  accords de pêche avec la Dominique ou  Antigua, qui ne sont toujours pas en vigueur. Il n’est pas rare — même s’ils demeurent prudents — que nos marins-pêcheurs se fassent encore embarquer par les gardes-côtes de nos deux voisins. Là aussi, la volonté de parvenir à des accords opérants s’est  noyée  dans la mer Caraïbe. Les intérêts des guadeloupéens sont-ils défendus ?

Il ne s’agit surtout pas de jeter l’opprobre sur l’une de nos  communautés,  une des plus  nombreuses (2ème après Haïti).  Mais il faut en finir avec le politiquement ou l’idéologiquement correct. 

L’immigration clandestine, l’absence de lois d’extradition et des règles de droit, ne doivent pas occulter tout le positif et le potentiel, qu’il y a toujours lieu de développer au sein d’une coopération bilatérale respectueuse, porteuse de profits et surtout transparente !

Le courage, disait Jaurès, c’est de chercher la vérité et de la dire ; c’est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe et de ne pas faire écho, de notre âme, de notre bouche et de nos mains aux applaudissements imbéciles et aux huées fanatiques !

 RJC

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